mercredi 11 mars 2015

Trish Trash : Get ready to the derby, avec Jessica Abel !

Trish trash, Rollergirl sur Mars 1/3
Jessica Abel
Dargaud, Janvier 2015

Retrouver Jessica Abel est un plaisir, elle dont on avait adoré chez le même éditeur Ouvert la nuit (récit d'adolescents vampires paumés dans une petite bourgade US), et surtout La Perdida, chez Delcourt.
Ici, elle assure à la fois le scénario et le dessin pour une incursion en triptyque dans le genre de la science-fiction.
Ce livre a bénéficié du soutien du Centre international de la Bande dessinée à l'occasion d'une résidence de l'auteur à Angoulême.


Mars, après 2110 (*), la planète rouge est terraformée et colonisée depuis déjà quelques années. Les humains nés ici (les Martiates) travaillent pour une cité peu reluisante, et Trix est une jeune femme métisse qui récolte de l'eau dans les champs désertiques de la planète rouge, comme de nombreux autres "fermiers hydroponiques". Mais sa passion, le Hooverderby, sorte de roller sur piste avec contact, se jouant en équipe, la pousse à intégrer les nouvelles sélections.
Elle est finalement retenue, mais la concurrence rude avec la leader en place des Novas, l'équipe phare (Hanna Barbarian), la relègue au rang de simple technicienne.

Un soir, alors qu'elle s'isole dans le désert, non loin de sa ferme, elle tombe nez à nez avec une "bestiole", martien natif non humain, mal en point, qui s'écroule à ses pieds. Trix décide de la recueillir.. et la cache chez ses parents...

Gif tiré du site de l'auteur : http://jessicaabel.com/

Quelle idée de génie que ce derby de roller sur Mars !
Jessica Abel
fait tout toute seule : (à part les couleurs assurées par Walter), et on est conquis par ce synopsis déjà original.
La science-fiction en bande dessinée n'a encore pas tout abordé et, lire un récit de cette richesse, mêlant passion sportive, préoccupations géo politiques, sociales, et suspens, le tout mixé dans un zeste d'aventure est fascinant.
Le trait et l'encrage de l'auteure rappellera quelque peu ceux d'un certain Frederik Peeters, et on se prendrait d'ailleurs à vouloir comparer son dernier travail sur "Aama" avec Trish Trash : couleurs très agréables, (réalisées à l'ordinateur), fluidité et sensualité des mouvements et des silhouettes (dont la plupart féminines)..
Est-ce la résidence à Angoulême qui a autant "européanisé" notre américaine ?

Non, car en vérité, elle possédait déjà cette touche personnelle et typique des récits dits "indépendants" là-bas, dont on ressent les similitudes avec notre propre culture.  Mais ceci-dit, Jessica a quand-même vécu depuis 2012 avec son mari et ses deux enfants à Angoulême, ce qui s'est traduit par la publication directe en français de l'ouvrage ! Belle leçon "d'intégration" :-)

Toujours est il que ce Trish Trash : rollergirl sur Mars est une très jolie surprise, dont on attend la suite avec impatience.



(*) 8 pages en fin de volume donnent quelques éclaircissements utiles sur le Hooverderby, les Radiocombi(naisons), le débat sur l'accession à la propriété (sur Mars), et les Martiens natifs.



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mercredi 25 février 2015

Moonhead est Andrew Rae !

Un petit livre cartonné, au dos toilé jaune.
Moonhead et la music machine.
Andrew Rae

Dargaud
Janvier 2015

C'est fou comme les éditions Dargaud ont le chic pour découvrir et sortir régulièrement des trésors étrangers, souvent indépendants*, et présentés de superbe manière. Ils s'ajoutent en cela à bien d'autres éditeurs concernés (Cornelius, Diablo, An2, Akileos, ...etc.) Mais il pourraient s'en passer vu leur catalogue?
...et pourtant.
Moonhead fait partie de ces petits trésors cachés, pourtant très bel objet, que l'on prend plaisir à feuilleter, lire et au final vouloir partager.

Andrew Rae est un londonien, artiste graphiste, vidéaste, et musicien, qui signe là un de ses troisième comics, car il réalise sinon pas mal d'illustrations pour des magazine set revues, ou des agences publicitaires.
Il fait partie du collectif Peepshow. (Voir le lien sur son site)
Andrew Rae, par lui-même.


Moonhead, c'est l'histoire d'un jeune lycéen, un peu timide, un peu gauche, qui a la particularité de porter à la place de la tête une lune. (?)  Sa famille est identique à lui, et rien ne semble déranger la société "normale" qui l'entoure, ni ses camarades de lycée, mis à part qu'il est un peu chahuté, ...mais cela vient de son tempérament.
Comme il rêve un peu trop, et que ses résultats ne sont pas bon, il rêve de devenir musicien et de s'échopper par le biais de la musique. Il fabrique alors une sorte de guitare magique, avec des matériaux de récupération, et sa musique machine prototype est ensuite réajustée par un petit fantôme, le seul qui écoute et comprend sa "musique".
Le nouvel instrument va alors produire des sons et des visions magiques, et la vie de Moonhead va s'en trouver changée. Les gens autour de lui subiront aussi des transformations…

Page 80 : influences vous avez dit ?

Andrew Rae possède un univers alternatif très cool et très "MTV" d'après sa bio sur Artspace.com, mais je dirais qu'il a surtout la grande qualité de ces artistes tournés vers la culture alternative anglo- saxonne 90's. (Ce qui revient un peu au même.)  Voir ses influences : Jonathan Richman, Deerhunter, Beck, Warren Zevon, PJ Harvey, John Parish, Nick Cave, Barrington Levy, Department of Eagles, Howlin' Wolf, Devo, Talking Heads and Toots and the Maytals. (même source)
Et graphiquement, il s'inscrit dans la lignée de ces dessinateurs et conteurs bizarres tels : Seth, Dash Shaw, Tom Kaczynski… et j'en passe.
Chez nous, des gens comme Angil and the Hiddentracks auraient pu bosser avec Andrew Rae, et il n'est pas dit qu'un jour, Angil (Mickaël Mottet), et lui, ne se rencontrent.

L'album sur Bandcamp.
http://themoonheads.bandcamp.com/album/loosen-your-neck-2

En tous cas, l'artiste va jusqu'au bout de sa logique, et propose un album complet des ses rêveries musicales avec Losen your neck, album pop folk-garage dix titres à acheter sur Bandcamp.
Où ...comment passer d'une chronique BD à une chronique musicale. :-)
> "Losen your neck" est un super album, bien dans la lignée de bands labellisé "Route du Rock", et mon seul regret, en tant qu'amateur, c'est qu'il ne nous soit pas proposé sous forme vinyle.

Un univers chaleureux, poétique et riche, à découvrir !

Website: andrewrae.org.uk

(*) Je me souviens par exemple du plaisir des découvertes de Intégrales des Peanuts, maquettés par Seth, ...des Boondocks, de Batling Boy, de Body World, de Ouvert la nuit, Wizzywig

http://www.artspace.com/andrew_rae

La fiche de l'auteur (avec quelques pages) sur le site Dargaud.

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lundi 9 février 2015

L'esprit à la dérive... se souvenir des belles choses.

Des cailloux pour oublier..
ou se souvenir des belles choses...
L'esprit à la dérive
Samuel Figuière
Warum, janvier 2015

En 2002, la maison d'édition associative Onabok publiait le collectif "A nos pères". Un ouvrage en bande dessinée qui regroupait les expériences variées d'artistes dessinateurs roannais, en rapport avec leur père, mort brutalement, ...ou pas. Un livre qui avait reçu un bon accueil critique.

En refermant "L'Esprit à la dérive" roman graphique de 112 pages noir et blanc,  paru chez la maison d'édition indépendante Warum , on se dit que l'esprit qui souffle ici est un peu le même.
Raconter la dérive d'un père qui sombre inexorablement vers la sénilité, cela avait été entre autre bien évoqué dans le récit de Christian Chavassieux, sur le thème de la maladie d’Alzheimer. Ici, pas de nom barbare, mais une poésie exacerbée, grâce au talent de Samuel Figuière, jeune auteur au dessin habituellement plutôt axé jeunesse, qui trouve dans ce récit autobiographie et plus adulte le ton juste pour rendre hommage à son père artiste, qui aura souffert de son service durant la guerre d'Algérie, et dont la maladie réveillera les traumatismes.

Celui qui avait en effet fait le choix de ne pas porter les armes, par conscience humaniste, a subit l'incompréhension et les représailles de ses supérieurs, ainsi que plus tard, comme tout soldat de cette guerre, les fantômes des horreurs vues ou commises.
Et alors qu'il ne pourra plus parler, plus se souvenir de sa propre famille, lui restera uniquement le geste, celui de l'art brut, réalisé avec les éléments naturels.
Samuel Figuière déroule son récit tranquillement, habilement, en se servant à un moment donné des notes de son père. Il témoigne de façon habile (comme l'a fait dans un autre registre et d'une autre manière Jacques Tardi avec son père cf Stalag IIB) de l'expérience des appelés dans ces conflits inhumains. Grâce à un trait semi réaliste, rehaussé de légères trames grisées (à la Davodeau ?), il met parfaitement en valeur sa narration, l'amenant subtilement vers l'abstrait, et l'universel.

Un livre fort, émouvant, où l'art s'avère tout autant le sujet que la guerre et la maladie, et qui se pose dores et déjà comme un incontournable de l'année.


(*) Fondée en 2004 par deux auteurs issus des arts décoratifs de Paris, Benoît Preteseille et Wandrille Leroy, WARUM est une maison d’édition de bande dessinée atypique qui a volontairement choisi de s’éloigner des codes du genre pour promouvoir avec humour une bande dessinée expérimentale et novatrice, dans deux collections, Civilisation (phalange artistique) et Décadence. (Tiré du site de l'éditeur)


Le blog de Samuel : http://samuel-figuiere.com/

Les éditions Warum : http://www.warum.fr/bibliotheque.php?livre=72

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mercredi 4 février 2015

Buffalo runner : Tiburce Oger conte le crépuscule de l'ouest américain

Buffalo runner
Tiburce Oger
Rue de Sèvres
Janvier 2015

Il est des albums qui vous attirent avec leur couverture, et qui tiennent leur promesses une fois le livre lu et refermé.
Buffalo runner est de ceux-ci.

1896, un atelier de photographie dans une ville américaine, peut être de l'est. Un bourgeois pose, travesti, en costume de cowboy de pacotille, puis s'arrête ensuite sur des photos posées au mur.
Un portrait l'interpelle. Il s'agit de Edmund Fisher, un véritable homme de l'ouest, que le patron de la boutique a fait poser pour l'éternité, vers 1888, dans les plaines. Et le récit, bifurquant par un épisode tragique se situant au même moment dans le sud du Texas et mettant en scène ce même Edmund Fisher, vieilli, commence..
Alors qu'une famille de colons pénètre en cariole dans une passe désertique afin de rejoindre la Californie, celle-ci se fait attaquer par des bandits, qui laissent uniquement, mais violée on suppose, la jeune femme du convoi, grâce à l'intervention inattendue de mister Fisher.
Celui-ci récupère la demoiselle, et, s'hébergeant pour la nuit dans ce qui semble être le repère d'une partie de la bande, ils attendent le matin, sûrs d'être attaqués. Tout en préparant des munitions avec ce qu'il a pu récupérer sur place, la demoiselle choquée étant peu loquace, Fisher raconte sa vie…

De beaux indiens...avant leur déchéance tragique
Ce récit fascinant, et superbement raconté, nous fait revisiter les dernières feux d'une époque révolue, la conquête de l'ouest.
Il nous entraine de la naissance du héros, en 1836 au Texas, et son enlèvement à l'âge de trois ans par les comanches, à son engagement dans les troupes confédérées, découvrant l'horreur de la guerre et la proximité de la mort, …sa reconversion, faute de mieux, dans les équipes de Buffalo runner, les chasseurs de bisons, qui anéantirent des millions de bêtes avec leurs fusils longue portée redoutables, et son engagement au final comme homme de confiance d'un riche français ayant fait fortune au Texas dans l'industrie agro-alimentaire.

Fisher est un professionnel de la gâchette, ayant vécu de nombreuses expériences difficiles et douloureuses (perte de deux femmes), guerre, vie auprès des indiens, massacre des bisons, et il a une vision assez juste des crimes qu'il a commis. A cet égard, le rappel du génocide indien qui a été commis en privant ces peuples de leur réserves de nourriture dans les plaines américaines, fait froid dans le dos. Tiburce Oger aborde la tragédie et la déchéance de ces peuples, obligés au final de mendier dans des réserves, avec connaissance et respect. Le cadre du suspens dans lequel il nous place dés le départ n'est qu'un contexte narratif, qui soutient une tension permanente liée au parcours peu commun de cet homme rude.


J'avoue, je n'ai jamais été un amateur de Tiburce Oger. Cet auteur pourtant amateur de chevaux, d'armes anciennes et de western s'est plutôt fait connaître avec des séries d'Héroic fantasy (Gorn, Orull, Le Chevalie d'émeraude….) auxquelles je n'avais pas prêté attention.
Il aura fallu attendre 2015 pour qu'il publie enfin "Buffalo runner" et, justement, en amateur de western, c'est ce qui m'a attiré l’œil…
Vu la qualité de cet album, c'est à se demander si l'auteur n'était pas fait pour ce genre. On rappellera néanmoins son superbe scénario sur "Canoé Bay" avec Patrick Prugne au dessin, ...peut-être l'envie alors d'aller justement vers cet univers ?

Son récit a en tous cas la senteur des récits d' Elmer Léonard, grand auteur de western méconnu pour ce genre en France, et il est indéniable que cet album dont il réalise à la fois le scénario et le dessin restera parmi les meilleures parutions de l'année en cours.

Les édition Rue de Sèvres, dont a déjà vanté le catalogue naissant pour Le château des étoiles
ont aussi fait un superbe travail de maquette.

Chapeau ! (enfin... Stetson !)

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samedi 24 janvier 2015

Isabel Greenberg dessine des débuts de la terre, beaux comme des cristaux de neige.

L'Encyclopédie des débuts de la terre
Un roman graphique d'Isabel Greenderg
Casterman Janvier 2015


Isabel Greenberg est une jeune londonienne de 27 ans, qui a suivi ses études graphiques à l'université de Brighton. Elle a été publiée dans The Guardian, Nobrow Press, The National Trust, Seven Stories Press, Solipsistic Pop, First Second, et The New York Times.
Les trois premières et la dernière planche de cet album ont d'abord parues comme une histoire courte pour the Observer,  et ont gagné le Jonathan Cape Graphic Short Story Prize en 2011.
Devenu un album complet de 174 pages, celui-ci a été au final nominé pour deux Eisner awards.

Cette "Encyclopédie" qui n'en est pas une, est son premier roman graphique. Cette appellation l'a rend d'ailleurs un peu confuse ("Ne mettez pas ça, ça me rend un peu trop branchouille") (1)
N'empêche, elle fait l'actualité sur le web et sera sans nul doute bien accueillie à Angoulême cette année, où elle se rend au moins pour la deuxième fois. On apprécie en effet ce qui vient trop peu souvent d'Albion, surtout lorsque l'auteur déroule un univers poétique si personnel.

Nous sommes donc censé être aux débuts de la terre, dans le grand nord.
Deux jeunes gens typés esquimaux pagaient tranquillement, puis, s'appréciant, tentent de s'embrasser. mais un champ magnétique contraire les en empêche…
Paniqués de ne pouvoir s'enlacer, de jour comme nuit, ils vont trouver un Shaman, qui les marie, mais ne pourra es aider.

La première planche, issue du récit court original.

Un soir, le garçon, doué pour les contes, raconte à son aimée son arrivée au monde, avec une première histoire.

Ce premier conte est le premier d'une série, qui seront autant de détails dans le parcours de ce garçon, au destin exceptionnel, aidé par des dieux.
L'histoire sera divisée en autant de chapitres : Le pôle nord  ("Les trois soeurs de l'ile d'été"., au delà de la mer gelée", Les dieux, L'odyssée commence); Britanitarka, (Le grand Dag, L'été et l'hiver, L'homme médecine, Création, Dag et Ha, la vieille dame et le géant, Au temps de géants, les enfants de la montagne, la longue nuit, Ville morte et fantômes), Migdal Bavel, (Le cartographe de Migdal Bavel, La bible d'homme aigle, le grand déluge,  La tour de Bavel, le palais des murmures, les Dieux n°2…), Le Pôle sud, …qui vont nous emporter dans une mise en abîme de l'histoire du monde, et des hommes, telle une bible ou un chant antique qui serait adapté aux pôles. On y découvrira en effet  L'odyssée, les débuts de l'Angleterre, la tour de Babel, le déluge…et le retour au bercail, qui sera bien sûr contrarié.



Au temps des géants

24 pages de suppléments apportent quelques détails à l'histoire elle-même.

...On aime Le dessin d'Isabel, empruntant autant à Ben Katchor que David Mazucchelli, (Big man ?) et ces douleurs douces, discrètement mais précisément posées en aplats. Et on se dit que "L'encyclopédie des débuts de la terre" pourrait se présenter comme une sorte de "Beta … civilisations (volume 1) " (de Jens Harder, aux éditions de l'An 2), pour petits et grands.

Un livre beau et captivant, que l'on aura plaisir en tous cas à réouvrir, et relire, tant cette histoire du monde respire la vie, avant tout.


(1) http://metro.co.uk/2013/10/03/graphic-novelist-isabel-greenberg-dont-put-that-in-it-makes-me-sound-super-nerdy-4132040/

Le blog D'isabel Greenberg : http://isabelnecessary.com/About-Isabel-Greenberg

D'autres récits d'auteurs anglais :
http://www.londonprintstudio.org.uk/resources/londonprintstudio-comics-collective/site/comic-blogs/


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lundi 12 janvier 2015

Fils du soleil : la perle de Nury et Henninot

Fils du soleil
Fabien Nury, Eric Henninot, d'après Jack london
Dargaud
Oct 2014

Après les évènements tragiques de ces deniers jours, il est temps de lever l'ancre et de repartir au large.
Présentation d'un album de fin 2014, qui vaut le détour :

Fabien Nury est un très bon scénariste, parmi les meilleurs de ces dernières années. Il a produit de superbes albums, ...W.E.S.T, Necromancy, Prophet, ou Atar Gull n'étant qu'une partie de ses réussites.
Eric Henninot quant à lui, possède un trait réaliste qui a fait ses preuves sur des albums comme Carthago (avec Christophe Bec, deux premiers tomes), Alister Kayne, chasseur de fantômes, des couvertures (Deepwater prison)… et son dessin au trait fin précis pourra rappeler dans une certaine mesure les styles de Christian Rossi (Jim Cutlass,  W.E.S.T, Tiresias…) ou Andréas.
Nous sommes au début du vingtième siècle. Sur l'île d’Hikihoho, perdue au milieu du pacifique, le vieux (fou) Parlay met sa fabuleuse collection de perles en vente. À cette occasion, il invite les pires négociants des iles Salomon et même au-delà. Tous, sauf David Grief , riche entrepreneur de caoutchouc intransigeant, qui aura une autre raison de se rendre à ce rendez-vous. Mais quelle est la véritable raison de cette vente aux enchères ?

Adapté de deux nouvelles de Jack London, célèbre baroudeur, marin, romancier de 1890 à 1900 : "Fils du Soleil et Les Perles de Parlay", présentés ici sous forme de deux chapitres, "Fils du soleil" emprunte ce qu'il y a de plus prenant dans le roman d'aventure maritime pour nous transporter au milieu des flots, des tempêtes, des récifs, des autochtones cannibales et des histoires de pirates. Et même s'il ne s'agit pas tout à fait de cela, puisque nous avons à faire à des négociants, la dure vie en mer et les relations tendues entre marins et propriétaires terriens met la vie de chacun à rude épreuve.

Sachant nous emporter dans une histoire mêlant drame, amour et avidité, Fabien Nury et Eric Henninot réussissent le pari de l'album passionnant.
Nous ne sommes pas dans Barbe rouge, mais Bernard Prince n'est par contre pas loin :-), et cela donne furieusement envie de (re) lire l'auteur de "l'Appel de la forêt".

Un bel album à plus d'un titre, vivement conseillé.

180

Analyses