mardi 30 octobre 2012

La Grande odalisque : il n'y a rien en trop !

La Grande odalisque
Vivès, Ruppert et Mulot
Dupuis
2012

Bastien Vivès est un fou, ou un demi dieu.. ou les deux à la fois !
Un fou génial, qui s'est associé à deux autres : Ruppert et Mulot, pour développer une histoire incroyable et au charme fou.

...Bastien vivès a débuté en 2007 chez Casterman et son label "indépendant" KSTR, mais c'est concrètement en 2008 qu'il defraie la chronique avec un récit tout à fait original se déroulant dans une  piscine : "le goût du chlore". Puis c'est Polina, qui en 2011 le replace sous les feux des projecteurs. Mais Bastien Vivès veut casser plus avant les codes, un peu comme un Blutch auquel on pourrait comparer ses chemins buissoniers malgré leurs styles graphiques bien différents. Très productif et se laissant aller à des envies plus personnelles, il présente en 2011 "Les melons de la colère", un récit fantasmagorique à l'érotisme presque gênant.
Les codes de la bande dessinée sont bousculés, au moins dans le scénario, et Vivès nous faire revivre quelques grandes heures du média des années 70, celles d'auteurs remarquables comme ; Crepax, Pichard, Guy Palleart ou Forest.

De leur côté, Florent Ruppert et Jérôme Mulot, venus du milieu alternatif des fanzines, ont développé un univers complétement déjanté, décalé, fait d'enchevêtrement de phylactères verticaux, de petits traits et personnages, impliqués (imbriqués) dans des scénarios tout aussi ahurissant, en mélangeant l'art du troisième degré et un humour non sensique, plus british que français.
La rencontre des deux abouti aujourd'hui à cette Grande odalisque, où l'on se dit que Vivès a du se demander pourquoi des films comme Mission impossible ou James bond grand cru ne seraient pas transposables sur papier, les scènes d'action ne devant rien aux plus grand récits américains du genre. Mais l'érotisme est encore là, bien là, et bien moderne.
Image tirée du site de Ruppert et Mulot

Résultat :  l'histoire des ces trois jeunes femmes très mignonnes, plus ou moins lesbiennes, qui se sont spécialisées dans le haut vol (dans le sens propre comme figuré) dépasse toutes les espérances.
N'est-ce pas Pravda la surviveuse sur sa moto, qui dévale les escaliers du Louvre et se propulse au dessus de sa pyramide ? ; n'est-ce pas Barbarella, qui vole sur son deltaplane ?... les "Drôles de dames" qui descendent à elles toutes seules un cartel de drogue mexicain ?; ou bien la bande japonaise de Cat's eyes qui s'introduit dans les plus grands palais pour voler des toiles de maîtres ?

Les années 70 et 80 sont donc très présentes dans cet album, malgrès sa modernité toute française, présenté dans l'écrin grand format de la collection Aire libre.
Album nerveux étonnant, qui, non content de dérouler un récit au suspens bien tendu, nous donne du plaisir du début jusqu'à la toute fin, avec son lot de drame en bonus.

Bravissimo !

A voir: le site de Ruppert et Mulot
Le blog de Bastien Vivès

mercredi 17 octobre 2012

Batman au balcon, DC sur des charbons ardents.

Batman sombre reflet tome 1
Scott Snyder/Jock, Francesco Francavilla
Urban comics
Février 2012

Bruce Wayne, Batman "historique" n'est plus, c'est Dick Grayson qui le remplace, assisté de Tim Drake, alias Red Robin. Tout cela est très bien expliqué dans l'introduction de ce nouvel épisode de la sage Batman, qui suit la chronologie des évènements de l'univers Dc, et en l'occurrence le chapitre "Final crisis". (voir ce titre, et la ligne de temps sur le site Urban).

Dans "sombre reflet", titre indépendant des autres sorties de ces derniers mois, dont : "Batman Knightfall", et "la revanche de Bane", qui ont inspiré le dernier film cinéma (pour ceux qui ne suivent Batman que sur grand écran), Batman retrouve l'inspecteur Gordon, et doit mener à bien une enquête basée sur le vol et la mise aux enchères de pièces à conviction dangereuses liées à des affaires criminelles particulièrement dures. Parmi celles-ci, un composant chimique qui fait muter les personnes l'absorbant en créatures animales féroces...Le "Priseur" homme inconnu de Batman semble être un maillon de cette secte.
L'inspecteur Gordon, aidé de sa fille Barbara (Oracle), est quant à lui confronté à son passé, du fait du retour de son fils James, déclaré psychopathe, et accusé entre autre du crime d'une amie alors qu'il était enfant.
Toutes ses affaires pourraient être liées...

Scott Snyder, (American vampire) a fait ses preuves de scénariste, et il ne fait aucun doute qu'il sait raconter des histoires.
Jock dans le premier chapitre de ce tome 1 sert un dessin oscillant en style entre un Bill Sienckiewicz et un Jae Lee, (donc superbe), quant à Francavilla, dans un registre beaucoup plus rétro, il rappellera aux connaisseurs le trait 50's d'Alex Toth.
Que du bonheur donc.

...Urban a su trouver sa place suite à la perte de la licence DC chez Panini, et continue à publier l'éditeur historique dans des comics de qualité, et à flux constant. Personne ne s'en plaindra, surtout vu le rapport qualité prix des ouvrages.  Ceci dit, on lui reprochera, pour cette fois seulement (?) de nous décevoir sur l'intérieur du bouquin avec une police de caractère de taille 8 dans les dialogues off, qui est pratiquement illisible. Comment une si belle édition cartonnée a pu intégrer une si bête erreur de mise en page ?
Espérons que les prochains tirages pourront la corriger, sinon il faudra réserver ces lectures aux porteurs de lunettes grossissantes.

Voir le catalogue Batman d'Urban comics

mardi 16 octobre 2012

Doggy bags : Run fiction !

Doggy bags
volume 2
Run, Ozanam, Kieran, Guillaume Singelin, Mathieu Bablet
Ankama, label 6 I 9 (Avril 2012)

Run, auteur, graphiste, scénariste passionné de cultures latino, pulp, series B, et responsable dés 2003 du best seller Mutafukaz, a lancé en 2008 le label 6I9 chez Ankama.
C'est là qu'il a créé Doggy baggs, un concept de petits comics souples dos carré compilant à chaque fois trois histoires originales, d'auteurs français, dans un style BD de gare US, donc très pulp.
Le truc en plus, c'est une maquette super soignée, de la couleur, du bon papier, des couvertures qui explosent au visage et des récits sans concession, tirés plus ou moins de faits réels, dont on nous propose quelques détails résumés en exergue.

Déjà deux tomes, et une furieuse envie d'en lire davantage, parce que Run a su écrire de très bonnes histoires, pleines d'humour sarcastique, et trouver d'excellentes équipes de dessinateurs.
Du pulp de ce niveau, et français, on en redemande !
A réserver aux publics adultes par contre, parce que le ton libre inclus sexe, violence, sang et immoralité.

Tout est bon chez 6I9 ? (6 vs 9 : l'homme contre le diable ?)

> Disponible chez Nebular store, en tous les cas !

A voir : la page du label Ankama 619 

La chronique vidéo de Momaille (Comicsplace)

Le teaser du tome 2 sur youtube

L'interview de Run sur Actua BD


Analyses