mercredi 27 novembre 2013

Un mort ? non, 30 mille. Charly 9 ne reçoit plus.

Charly 9
Guérineau/ d'après Jean Teulé
Delcourt
Octobre 2013

24 Août 1572, Paris, le soir, au château de Vincennes (suppose-t-on). Dans une petite pièce faiblement éclairée, le jeune Charles IX, (1550-1574), seul face à sa mère Catherine de Medicis, son frère et quelques conseillers doit valider l'exécution de son principal conseiller : l'amiral de Coligny, sous prétexte qu'il est le chef du parti protestant.
Celui-ci presse en secret le roi d'intervenir aux Pays bas espagnols sous prétexte que Philippe II y opprime les Huguenots (protestants) . 
Or "lutter en Flandre contre l'Espagne reviendrait à se battre du côté Huguenots et donc s'attirer la colère du pape." d'après Catherine de Medicis (voir extrait plus bas)1

Le jeune roi, hésite, se sent forcé.. On en profite pour ajouter un autre nom à la liste : Rochefoucault, et quelques autres. Oh, si peu… en fait tous les chefs protestants. 
Mais cela risque d'être vu par des témoins !?… 
Il faudra donc s'en charger aussi..  Et c'est ainsi que de 1, la tuerie qui se profile monte à trente mille.
Nous sommes la veille de la saint Barthélémy, et en pleine nuit va se jouer l'un des plus sordides génocides de l'histoire.

Si Jean Teulé est un artiste et que son roman a été un succès de librairie en 2011, Guérineau, que l'on connait entre autre grâce à la superbe série "Le chant des Stryges", co-signé avec Corbeyran, en est un autre, de talent.
Sa mise en page est fluide, et son dessin semi-réaliste a juste ce qu'il faut de cartonny ici pour correspondre à la description ubuesques de cette renaissance et pleine déliquescence, et de la vie de ce prince, au "bon fond", mais si dérangé et influençable*.

…Grouillant de détails et de scènes (dures, mais aussi comiques) plus vraies que nature, cet ouvrage nous plonge intensément dans le quotidien de ce roi perdu et de son époque. On suit ses atermoiements et interrogations au coeur du château de Vincennes ou de Saint Germain en Laye, dans ses marivaudages et crise de folie…jusqu'à se prendre d'affection pour lui.

Les plus : les styles changeants de Guérineau, qui apportent du rythme supplémentaire au récit de128 pages, avec un hommage à Peyo (Johan et Pirlouit) pages 43 à 45;  et le ton de l'histoire, sacrément original.

Nb : Le livre a paru dans la collection "Mirages", mais il s'agit bien pourtant bien de faits réels.
> Une superbe façon de réviser l'histoire de France !

(*) Après ces évènements tragiques, la santé du roi déjà défaillante (troubles perceptifs de la réalité) va régresser, et il contractera semble t-il une Pleurésie, tout en développant de l'Hématidrose (sueurs de sang). Il meurt à l'âge de 24 ans.

1 Extrait du roman de Jean Teulé :


mardi 19 novembre 2013

Sigur et Vigdis : un classicisme magnifié au service de l'histoire

Une couverture magnifique, tout en mélange de détails
et de suggestions à l'aquarelle.
Sigur et Vigdis
T2 Le kourgane
Blary/Loiselet
Le Lombard Oct 2013

On avait repéré la très belle couverture cartonnée grand format aux tons pastels orangés du premier tome, et le contenu historique, apparemment de premier ordre, de cette série consacrée au haut moyen-âge. 
Cette suite enfonce le clou et démontre le talent du duo Blary/Loiselet.

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Début du Xeme siècle, Sigurd est un viking souhaitant intégrer l'ordre des Joomsvikings. S'il y est admis, c'est parcequ'il est un guerrier hors pairs. Mais l'ordre le trahit en détruisant son clan. Il devient donc renégat et s'enfuit à l'aide de la fille du chef : Vigdis.
Ils sont cependant vite rattrapés par l'étendu du maillage de l'ordre, et ne peuvent prétendre rester indépendant qu'à une condition : monter un comptoir commercial pour le compte de ce dernier, dans les régions reculée de l'est, en Bulgarie. Mais il va encore falloir se battre pour imposer ses vues.

Si Loiselet n'est pas un nom très connu dans le domaine scénaristique BD, il l'est peut-être davantage sous le pseudonyme "Navy" avec des récits ésotériques chez Soleil, mais plus encore  au niveau éditorial, pour avoir été à l'origine des revues Bodoï, Pavillon rouge, BDmag, Suprême dimension … 
Passionné d'histoire et de langue arabe, il a trouvé ici l'occasion de donner à découvrir la culture Sarmate et Vikings du Xe siècle.
La chose est suffisamment peu banale pour être remarquée, en tous cas dans l'aspect très documenté et passionnant qu'il nous en propose. La trame du récit est parfaite, alliant suspens, intrigues politiques, batailles sanglantes et scènes naturalistes de toute beauté. Un savant mélange qui autorise un parallèle inattendu avec l'adaptation TV du roman "Le trône de fer" de George R R Martin, tout aussi bien écrite.
Question historique, la dernière fois que j'ai personnellement lu une bande dessinée crédible ou au moins intéressante sur le sujet, il s'agissait de "Reconquêtes", par Miville-Deschênes et Runberg, et de Wotila.


En ce qui concerne l'aspect naturaliste précédemment remarqué, certains d'entre-vous amateurs de la série de Jacques Terpant : Le Royaume de Borée, retrouveront avec plaisir les descriptions magnifiques des paysages sauvages traversés, magnifiés par le style graphique si naïvement réaliste de Blary.

Son dessin au trait m'était inconnu avant cette série, et s'il n'est pas exempt de tout parallèle face au style Terpant, il possède un charme et une sorte de tendresse folle, qui devrait lui assurer un succès public sans tarder. Un classicisme de  cette qualité, cela me rappelle aussi les débuts d'André Juillard.
De plus, sa coloration à l'aquarelle, toute en finesse, apporte une touche personnelle supplémentaire, et sort des standards modernes "tout informatique".

> Sigurd et Vigdis, un petit chef-d'oeuvre en formation, que tout amateur de bande dessinée "classique" et à caractère historique ne doit absolument pas manquer.
Mon coup de coeur de cette rentrée !

Ps : le Kourgane est le nom d'un tumulus bulgare, (tombe antique de seigneurs), qui à l'origine d'un rebondissement bienvenu dans ce ce tome, et lui offre son titre.





lundi 18 novembre 2013

The Cape : plus dur sera la chute...

The Cape
Joe Hill/Jason Ciaramella/Zach Howard
Milady graphics
Juin 2013

Vu l'actualité sur Locke & Key, série phare de Joe Hill chez Milady, arrêtons-nous sur cette autre adaptation(1).

Joe Hill a trouvé en Jason Ciaramella un bon scénariste pour mettre en scène ses nouvelles. Ce dernier est un jeune auteur nominé pour l'Eisner award qui publie chez IDW aux USA et s'est fait remarqué entre autre grâce à cette collaboration. On avait pu le découvrir auparavant aux USA  sur les titres Godzilla, KINGDOM OF MONSTERS, et KODIAK.

Eric et Nicky, deux jeunes frères ont subi un grave traumatisme. En effet, alors qu'ils s'amusaient dans leur jardin étant mômes, Eric, perché sur un arbre en est tombé et a été blessé très gravement. Celui-ci portait une cape avant de chuter, constitué avec le tissu de son doudou d'enfance.
Après l'accident, sa mère lui affirme avoir jeté celle-ci.

Quelques année passent et Eric réussi à séduire Angie, une belle brune qui plaisait pourtant à son frère.
Mais là où Nicky réussit dans ses études de médecine, Eric reste handicapé, dans tous les sens du terme, par son vieil accident.
Il ne fait rien de sa vie, jusqu'au jour où, devant retourner vivre chez sa mère, il retombe sur sa cape, en fait préservée.
Celle-ci révèle alors son pouvoir : celui de faire voler.
Mais Eric a été trop abimé, et c'est en vrai méchant qu'il va aborder son nouveau super pouvoir…

Sur une centaine de pages, ce one-shot délivre un âpre message : la vie est faite d'injustice, et et ce n'est pas une cape magique qui va permettre de guérir une âme blessée.
Joe Hill a écrit une nouvelle dure et anti-morale, quoi que la fin préserve une surprise. 
Si l'histoire est violente, les dessins semi-réalistes de Zack Howard sont fluides et agréables, et le découpage efficace*. L'utilisation de trames rend plus palpable la tonalité dramatique de la plupart des scènes, tout comme la colorisation dans les tons sombres de Nelson Daniel.

Un bon one-shot.

(*) On avait déjà eu l'occasion de parler de lui dans la chronique Aliens, plus qu'humains


(1) Ciramella a depuis publié The Cape 1969, un préquel se déroulant durant la guerre du Vietnam, dont le TPB regroupant les 4 comics a paru en février 2013 chez IDW.

vendredi 15 novembre 2013

Ce week-end à Roanne, c'est convention SF !

A L'Espace congrès, derrière l'hôtel de ville, 
Samedi et Dimanche 16 et 17 Novembre 2013

Les Gardiens de la science-fiction organisent leur deuxième salon/convention SF

> Auteurs BD, dédicaces, expositions, maquettes, déguisements…ça va être la fête.

Nebular store sera là.

Venez nombreux !


Revival : et si on revivait un autre récit ?

Revival T2
Tim Seeley/Mike Norton
Delcourt
Nov 2013
Encore deux auteurs pas franchement connus en librairie par chez nous, qui délivrent un polar rural assez enthousiasmant, avec tout ce qu'il faut de fantastique et de morbide pour nous tenir en haleine.
On attendait ce tome 2 avec impatience, pour vérifier si l'originalité de ce récit et la continuité serait au rendez-vous.
Rappel : 
Cela se passe de nos jours à Wausau, petite commune paumée du Wisconsin, et un phénomène étrange survient : les morts récemment décédés reviennent, comme si de rien n'étaient.
Ca vous rappelle quelque chose ? A moi aussi.
La série française des Revenants n'est pas loin.. sauf que là, les auteurs ajoutent une pincée de sel en donnant un côté quelque peu vengeur à ces amis partis trop tôt.
Il y a comme de drôles de fantômes qui trainent dans la forêt proche, et il se pourraient bien que les revenants ne soient pas dotés des intention les meilleures.. d'autant plus qu'ils ont la fâcheuse tendance à vite s'énerver.

Dans ce tome 2, on retrouve l'officier de police féminin Dana Cypress, sous les ordres de son père Wayne. Celle-ci, aidé par l'étudiant en science Ramin, essaient de gérer la situation au mieux.
Ca vous rappelle encore quelque chose ? Normal, le polar rural à la cote, et Stephen King aussi, puisqu'il est un peu l'inventeur du truc. Sa série Under the dome, diffusée en ce moment à la TV française, donne donc un petit air de déjà vu aux deux scénarios.
Néanmoins, ce comics arrive à garder une identité propre, et la révélation du trafique (cruel) d'organes des ranimés est un des points essentiel de ce volume.
On découvre aussi Lester Majak, vieux ranimé fan de Gym tonic, qui cache apparemment un secret. Quant au père Anders, fâché par les relations entre sa fille et son beau frère, il finit par être accusé de leur meurtre et prend la fuite.
Au passage, on note une scène particulièrement intéressante page 82, où MA, la soeur ranimée sympathique de Dana est témoin d'une scène étrange en passant sur un pont : là où elle croit d'abord voir des fantômes dans l'eau , elle découvre en fait après s'être bien frotté les yeux 3 techniciens en combinaison isolante en train d'analyser des échantillons d'eau de rivière (…)
Cela sent la pollution à plein nez, et là… on pense (un peu) à notre "Apocalypse à Carson city".
Bref, on n'en est pas encore à la redite. Le dessin de Mike Norton est agréable, et les personnages plutôt attachants. Mais la question de savoir qui a eu l'idée de ces scénarios  en premier trotte néanmoins dans la tête à la lecture de "Revival". 

Ca sera mon seul point négatif.
Tim Seeley est aussi dessinateur,
 et son style vaut le détour : 
http://timseeleyart.blogspot.fr

Allez faire un tour sur le blog de Mike : Ihatemike.com

jeudi 7 novembre 2013

"Four Color Fear" traduit, et dispo à Nebular !

Four Color Fear. Comics d'Horreur des Années 50
Wolverton/Frazett...et divers
Diabolo (7 novembre 2013) 

Les éditions Diabolo sont une maison espagnole qui est arrivée sur la marché français cette année.Il se sont fait déjà remarquer (enfin, si peu), avec le titre au format italienne: "Le jeune Lovecraft", (José Oliver et Bartolo Torree, 2 mai 2013) et "La Bible de Wolverton" (17 mai), version du best-seller chrétien en BD, par l'auteur alternatif américain Basil Wolverton (mort en 1978) révélé dans les 40's par sa créature hideuse Lena the Hyena dans une histoire de Lil'Abner ("Al Capp"). Celui-ci a cependant aussi pas mal travaillé pour la revueMad dans les 50's, et a été l'auteur la même décennie d'histoires d'horreur pour Marvel.

Ce sont certaines de celles-ci que l'on retrouve dans cette anthologie d'histoires d'horreur oubliées des 50's, parue chez Fantagaphics en 2010, au milieu d'autres grands noms. On découvre en effet pas mal de compagnies qui ont été cachées par le travail de EC comics à l'époque : Ace, Ajax-Farrell, American Comics Group, Avon, Comic Media, Fawcett, Fiction House, Gilmor, Harvey, Quality, Standard, St. John, Story, Superior, Trojan, Youthful and Ziff-Davis. Et les artistes présentés se nomment : Jack Cole, Reed Crandall, George Evans, Frank Frazetta, Jack Katz, Al Williamson, Basil Wolverton, Wallace Wood, ou : Bernard Baily, L.B. Cole, William Eckgren, Matt Fox, pour les auteurs de couvertures mis en valeur ici.*

 Il faut croire que l'on surfe sur la vague de ce genre très spécialisé, après les parutions Ec comics chez Akiléos et le travail de Delirium pour Warren, (et d'autres initiatives plus chiches chez des indépendants à petits budgets), car je ne m'attendais personnellement pas franchement à trouver une traduction de cet ouvrage de geek en France avant longtemps.

..Le boulot respecte la maquette Fantagraphics, avec une couverture cartonnée, avec jaquette. Un Format petit livre. (23,8 x 17,8 x 3,2 cm), des pages couleur, et un cahier central* d'une dizaine de couverture glacées pleine page.

On peut donc remercier Diabolo, qui commence à s'installer de manière plus que sympathique dans le paysage éditorial comics alternatif et beau livre français, pour cette heureuse initiative.

mardi 5 novembre 2013

Joe Hill nous régale avec Locke & Key


Locke & key
T5 Rouages
Joe Hill/Gabriel Roriguez
Milady comics Oct 2013

C'est comme un film que l'on rêverait de voir, mais qui n'existe pas (encore).
Celui-ci rassemblerait l'univers Lovecraftien, le meilleur de Stephen King, et des réminiscences de trucs 80's qu'on a adoré, du temps où les héros de ciné étaient de jeunes ados boutonneux qui surfaient sur leur skate, volaient en BMX vers la lune, ou collectionnaient les cartes comics dans les paquets de chewing-gum.
Ces temps sont révolus, et Joe Hill joue son Retour du roi, plaçant non pas un anneau, mais de nombreuses clefs au centre de son récit.
Car Locke & key c'est avant tout ça : une histoire fantastique de clefs et de serrures, qui ouvrent un tas de portes aux pouvoirs magiques.
18 clefs connues que l'on va découvrir au fil des épisodes de cette série comics déjà culte outre-Atlantique, et sans doute aussi déjà de ce côté-ci.

Ces clefs, elles ont été forgées à partir du XIIIeme siècle, c'est ce que l'on apprend, finalement tardivement, dans ce cinquième volume.
La première par Benjamin Locke, après la mort de ses parents, pendus par les tuniques rouges. Car nous sommes plongé dés la première page en 1775, à Lovecraft, baie du Massachussets, juste avant la création des Etats-unis. 
Dans ce superbe flash-back, Benjamin rejoint les rebelles dans la grotte nichée au bas de la falaise jouxtant la propriété familiale. Celle-ci, en son sein, vient de révéler une porte magique qui ouvre un passage vers un univers maléfique.
Quiconque la regarde lorsqu'elle s'ouvre est hypnotisé et devient une menace. Il est donc primordial de la tenir fermer.
Les quelques démons qui se sont aventurés au travers et qui n'ont pu s'accrocher à un hôte humain tombent et deviennent de vulgaires formes métalliques noires inertes. Leurs qualités, une fois forgées, leur délivrent néanmoins à chacune un pouvoir particulier.

Une fiche du "Guide des clefs" en fin de volume.
Nb : Un guide officiel de 32 pages a été édité en 2011 chez IDW

Voilà ce que l'on apprend dans cet avant-dernier tome "Rouages", qui explique comment aujourd'hui, la bande d'adolescents descendant des ancêtres Locke : Tyler, Kinsley et Bode (ou son enveloppe), a hérité de tout cela et se bat pour conserver un peu de maîtrise sur cette force, tandis que l'un d'eux : Lucas "Dodge" Caravaggio, revenu d'entre les morts dans le corps de Bode, ne rêve que d'une chose : posséder la clé Omega qui lui permettra d'ouvrir la porte noire à nouveau.
Les Locke n'ont pas dit leur dernier mot…

Magistralement scénarisé par Joe Hill, et superbement dessiné et mis en page par Gabriel Rodriguez, illustrateur chilien au talent fou, Locke & key se dirige à vitesse grand V vers le panthéon des histoires fantastiques du XXIeme siècle, et du Comics alternatif.
On attend le dénouement avec anxiété et un peu de tristesse, mais Il ne fait aucun doute que les droits déjà négociés (par Dreamworks), aboutiront sous peu à une série et/ou un film... à succès.
C'est tout le mal qu'on lui souhaite.

Le mega blog de Gabriel Rodriguez, avec waouuh..., plein d'interviews, de trucs.. de machins !...


Pour se tenir informé des parutions Milady graphics (entre autres)

lundi 4 novembre 2013

Un Havre de paix pour Lucia ? pas si sûr.


Lucia au Havre
Alep/deloupy
Jarjille Sept 2013

Lucia, c'est la patronne de la librairie L'introuvable, à Saint-Etienne.
Les éditions Jarjille nous ont déjà gratifié de trois bons albums mettant en scène cette librairie et l'équipe qui y travaille. 
Ici, on laisse Saint Etienne pour le Havre, où Lucia profite d'une visite à une amie, elle aussi libraire, et du festival Polar local, pour lui amener un stock de livres.

Fabienne, un peu plus jeune qu'elle, est avec Dominique depuis peu et vont se marier dans les jours qui viennent.
Mais un livre, apporté par son amie, qui s'avère avoir été écrit quelques années auparavant par Dominique, amène la suspicion de Lucia qui se met à éprouver d'étranges pressentiments au sujet de celui-ci. 
Il se pourrait que Dominique ait des projets moins heureux pour Fabienne qu'il n'y paraisse…
En effet, d'autres femmes ont au préalable partagé sa vie, mais sont mortes dans d'étranges circonstances.
Une enquête va alors commencer.

Si Alep et Deloupy nous avaient habitué à des récits mettant en avant des hommages à leurs maîtres en bande dessinée, et plus particulièrement à Hergé, dans les précédents albums de ce que l'on peut appeler une "série" (personnages récurrents, thématique de la librairie de bande dessinée et des livres…), on est à la fois heureux et curieux de découvrir ce nouveau chapitre mettant en scène un des antagonistes, dans une histoire se déroulant dans un décor hors région Rhône-alpes.
Et même si dans "Faussaires", les auteurs nous avaient fait voyager à Angoulème, c'est tout un pan de la culture du nord qui nous est ici dévoilé. (Appartement d'Auguste Perret, architecte local, ballade dans les rues et sur le festival Polar à la plage1…)
C'est ce que l'on aime chez Alep et Deloupy : voyager. 

Jean-Claude Denis ? Non, mais un style proche.
Et si on trouvera, plus particulièrement dans cet album, (cartonné, soit dit en passant*), un air de Jean Claude Denis, tant dans le dessin, très rond, que dans le ton (narration fluide, psychologie et humanité des personnages), cela ne constituera pas un point négatif, bien au contraire, puisque l'on situera encore davantage le duo d'auteurs dans la lignée française des bons auteurs de bande dessinée modernes classique. (On reste sur un format, qui, s'il aborde une taille carrée, garde bien ses 47 pages.)

Périple réussi donc pour Lucia, et pour Jarjille, avec un récit qui pourrait tout aussi bien fonctionner en salle cinéma art et essai.


(*) Jarjille prévoir d'ailleurs de proposer cette maquette aux précédents volumes lors de leur réédition.

©Toutes images : Jarjille/Alep/Deloupy

Analyses