lundi 24 novembre 2014

Trillium : la plante psychédélique de Jeff lemire

Trillium
Jeff lemire

Urban Vertigo
Septembre 2014

Jeff Lemire est un auteur américain issu de l'école indépendante, au style alternatif que l'on a pu découvrir en France grâce à Monsieur personne (Mr Nobody, Panini 2010), et County Essex (Futuropolis 2010). (Vertigo et Top Shelf à l'origine)
Il a depuis travaillé pour la grande maison d'éditions US DC, avec des passages sur Justice league, Gren arrow, American vampire, Atom, et vient d'annoncer sa reprise de Bloodshot (Valiant) ainsi que de Hawkeye chez Marvel.… Autant dire qu'il fait partie des auteurs reconnus et respectés aujourd'hui.
Trillium a paru chez Vertigo, depuis 2013, sous forme de 8 comic books.

Le synopsis : En 3797, la botaniste Nika Temsmith recherche une plante dans les confins les plus reculés de l’espace connu. En 1921, l’explorateur anglais William Pike mène une expédition pour trouver un temple Incas aux propriétés salvatrices légendaires. Isolés à des années-lumière l’un de l’autre et alors que les murs de la réalité s’effondrent autour d’eux, ces deux âmes sœurs vont se rencontrer et vivre la dernière histoire d’amour de l’humanité.


L'arrivée dans le village autochtone ©Vertigo/Jeff Lemire

La couverture originale du #1, plus détaillée.

Sur 216 pages, l'auteur nous promène dans un dédale psychédélique de science-fiction, avec un dessin très personnel, désignant une œuvre forte, qui marque.
...Passé, futur, jungle et espace s'entrechoquent, dans une mise en page plutôt agréable, même si par moment, quelques planches sont constituées de gaufriers 4 niveaux de cases qui ne permettent pas une lecture confortable. Les polices de caractère sont alors trop petites.
Jeff Lemire
nous secoue un peu plus en inversant le sens de certaines pages pour mieux assumer le côté miroir des relations à travers l'espèce temps des deux principaux protagonistes. La sortie d'Interstellar au cinéma au même moment est-elle un hasard ?
Et si le récit demeure très intéressant et la poésie bien présente, cette liberté de mise en page perturbe un peu trop le confort de lecture. J'ai eu pour ma part assez de mal à retrouver le fil du chemin après avoir retourné le livre deux ou trois fois… bien que l'histoire m'ait parue assez claire au final.
Un petit bémol ceci dit, eut égard au reste de l’œuvre.

L'album s'achève avec 20 pages d'illustrations et de notes, dont quelques traductions du langage extra terrestre des indigènes Atabitiennes. Un autre atout parsemant l'album d'une étrangeté supplémentaire, pour une oeuvre majeure de science-fiction dessinée qui laissera une trace, comme a pu le faire un autre roman graphique exigeant : the Fountain.

Le blog de l'auteur : http://jefflemire.blogspot.fr/

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vendredi 14 novembre 2014

Frankenstein, le monstre est vivant !

Frankenstein le monstre est vivant
Steve Niles, Berni Wrightson
Soleil prod.
Oct 2014

Depuis 2012, Berni Wrightson, le maître de l'horreur est à nouveau aux pinceaux grâce à son ami Steve Niles avec lequel il avait déjà collaboré à son "retour" en album avec la série City of Others (non traduite à ce jour en France).
Un retour que j'avais remarqué et souligné sur le site Wrightson in french.

Malheureusement, notre talentueux dessinateur est atteint, si je ne m'abuse, de la maladie de Parkinson, et les temps de réalisation se sont rallongés de plus en plus. Il a donc fallu patienter plus de deux ans pour avoir les trois fascicules comics originaux de cette nouvelle réalisation.
Mais cela valait l'attente.

©Wrightson from Bleeding cool

©Wrightson from Geeksofdoom
Le monstre de Frankenstein, abandonné dans les glaces du pôle nord à la fin de l'histoire originale de Mary Shelly (magnifiquement mis en dessin par Wrightson dans les années quatre vingt, et considéré comme son chef-d’œuvre*) sort de son cercueil naturel, suite au réchauffement du à un volcan, et repart à la recherche de ses origines.
Sur son chemin il rencontre un montreur de monstre en foire pour lequel il travaille un temps, puis un professeur et sa fille, auprès desquels il découvre son humanité.

...Un récit qui n'est pas fini, mais dont Soleil nous libre ici les trois comics existants à ce jour, dans une superbe édition grand format cartonné, qui met particulièrement en valeur le dessin noir, gris et avec de légers aplats couleurs (bleus) du dessinateur. De superbes planches aux détails soignés nous rappelleront le meilleur de Wrightson, sur un scénario soigné de Steve Niles.
Un incontournable !

(*) Publié d'abord chez Albin Michel en 1984 puis réédité en 2010 chez Soleil.
Voir : http://www.berniewrightson.fr/

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mardi 11 novembre 2014

Adam Clarks : Atom style forever !

Adam Clarks
Lapone -Hautière
Glénat - treize étrange
Octobre 2014

Un format inhabituel, un graphisme hyper stylé.
...On connaissait déjà le dessin très "Atomium" de l'italien Lapone, ("Ada", trois albums chez Paquet,) ou divers sketchbooks ou petits récits… ), mais cette édition cartonnée très grand format (289 x 368) met particulièrement son dessin  en valeur.

Ce récit rétro futuriste (vêtements et décor 50's sur la couverture, vaisseaux sillonnant le ciel) annonce la couleur : on pense obligatoirement à Serge Clerc et à Darwyn Cooke, deux de plus grands représentants du genre.*

Adam Clarks nous est présenté en voix off, par un personnage qui n'apparaît qu'aux yeux du lecteur. il s'agit d'un gentleman séducteur, chroniqueur de la rubrique jet set dans la revue Puppet. Il fréquente donc les soirées mondaines. Ce soir il assiste au vernissage d'une exposition de bijoux, dont le clou est un rubis de taille exceptionnel : le Delong star.

Il fait la rencontre d'une fort belle demoiselle, avec qui il va passer la nuit. Enfin, pas tout à fait, car en plein milieu de celle-ci, il s'équipe, et avec grand professionnalisme, dérobe le joyau, avant de retrouver au lit comme si de rien n'était.
Mais ce petit manège n'est pas passé inaperçu pour tout le monde…

Stylé, vous avez dit ? (© Glénat/Lapone/Hautière)
Si le scénario de Hautière (Perico actuellement avec Berthet) est très maîtrisé, et nous offre un polar agréable et efficace, c'est bien sûr le graphisme de Lapone qui est exquisement mis en avant dans une maquette (presque) luxueuse, aux clins d’œil appuyés à Serge Clerc. En effet, dés les pages  de garde, le ton est donné, avec un portait en pied où l'on jurerait percevoir Phil Perfect, le héros du dessinateur roannais, tandis que la page de titre reprend quasiment à l'identique les polices et cadre du logo du dessinateur "espion".
Un autre album avec Hautière,
chez treize étrange
L'intérieur reprend ses droits et on se laisse néanmoins happer par le style tout de même personnel et reconnaissable de Lapone, sur 57 pages, tandis que 6 supplémentaires en fin d'album, nous offrent un bonus agréable avec croquis et divers dessins couleurs.

Une superbe réussite, tous publics, qui permettra à un public plus large (sans jeu de mot), on imagine, de découvrir le dessin de Lapone.
Je le recommanderais  ceci-dit chaudement  aux amateurs d'Atome style, et aux collectionneurs de beaux livres.

(*) Ne pourrait-on pas citer aussi aujourd'hui Elsa Charretier ?

Visitez le blog de Lapone. 

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