vendredi 24 avril 2015

Miss marvel 4.0 : jamais trop tard pour suivre Kamala Khan.

Miss Marvel
G. Willow Wilson/ Adrian Alphona
Panini comics
Février 2015


> Enfin la chronique de ce comics pas tout à fait comme les autres et déjà populaire. ...Il était temps. :-(

Miss Marvel
est un personnage  apparu pour la première fois dans Marvel Super-Heroes #13 (Mars 1968), conçu par Roy Thomas et dessiné par Gene Colan.
Carol Danvers, officier de l'armée de l'air américaine acquiert des pouvoirs suite à un accident aux côtés de l'extra terrestre Kree Captain Marvel.
1er numéro de Miss Marvel, 1968
Cette héroïne a cependant  connu deux autres avatars au fil des décennies sous les traits de Sharon Ventura (années 80), puis Karla Sofen, une "méchante", qui a usurpé son identité au sein des Dark avengers à l'occasion de l'arc Dark reigns.

En Novembre 2013, une jeune americano-pakistanaise fait son apparition dans Captain marvel #17, et ne va pas tarder à devenir la quatrième Miss Marvel, pour ce qui s'avère être déjà un jalon dans l'histoire du comics, puisque premier comic-book mettant en avant un personnage musulman, dans son propre titre. (1) : Voir le traitement de l'islam dans les comics books.

Kamala Khan est une adolescente de seize ans d'origine pakistanaise, fan de Miss Marvel et des super héros de la même maison d'édition. Mais elle vit dans le New Jersey, au sein d'une communauté très pratiquante. Son frère passe son temps à prier, et ses parents "veulent le meilleur pour elle". Elle ne peut donc pas sortir avec ses amis du lycée, et est constamment surveillée. Elle n'a donc qu'une envie : changer de peau, changer de vie.

La famille Khan (et Bruno, le copain)
Un soir cependant, alors qu'elle a fait le mur pour aller à une fête, elle se retrouve prise dans un phénomène de brouillard étrange qui la rend malade. Croyant être sous l'emprise de l'alcool, elle a des visions de Captain America, Iron man et Miss Marvel. Cette dernière lui pose la question de savoir ce qu'elle veut vraiment : ce à quoi elle répond "Je veux être toi".

C'est le départ d'une histoire particulièrement intéressante, où le questionnement habituel du jeune super héros, de type Spider-man, qui doit gérer ses pouvoirs en fonction de ses responsabilités va devoir aussi gérer ses différences religieuses et culturelles.
Elle va aussi devoir apprendre et maîtriser ses nouveaux talents.


Créé en binôme par l'auteure américaine musulmane G. Willow Wilson, et Sana Amanat, auteur et éditeur chez Marvel comics, créatrice de Ultimate Comics Spider-Man a.k.a. Miles Morales, le premier super héros noir et hispanique, ce Miss Marvel a défrayé les chroniques du monde entier par son ton résolument moderne et rafraichissant, allant même jusqu'à influencer des groupes luttant contre une campagne islamophobes aux Etats-unis (2)

Le  dessin d'Adrian Alphona, très indépendant et un peu manga, participe de ce traitement et permet certainement de sortir quelque peu ce titre des poncifs plus habituels de comic-books de super héros.
Les dialogues et les situations sont crédibles, bien sentis, et on prend beaucoup de plaisir à lire ces cinq premiers chapitres (*)
L’héroïne attachante ne demande qu'à être suivie. Et on apprécierait de la voir, à ce titre, en série sur le petit écran.


(1) http://islamicommentary.org/2015/04/all-in-and-all-out-examining-islam-in-g-willow-wilsons-graphic-novels/

http://islamicommentary.org/2014/10/what-is-the-muslim-comic-book/

A découvrir : la série de super-héros 100% musulmane :  The 99, une bande dessinée koweïtienne créé en juin 2006 par le Dr Naif al-Mutawa, psychothérapeute et écrivain, et publiée par Teshkeel Comics. Elle montre des personnages positifs qui reprennent chacun un des 99 attributs d'Allah. (Wikipédia)

La série sur Comixology : https://www.comixology.com/THE-99-1/digital-comic/13952?ref=c2VyaWVzL3ZpZXcvZGVza3RvcC9ncmlkTGlzdC9Jc3N1ZXM

(3) Un article de Libération à ce sujet : http://www.liberation.fr/monde/2015/01/28/miss-marvel-une-super-heroine-musulmane-contre-l-islamophobie_1190699

A lire : le bel article sur la place des femmes dans les comics chez Popfixion.

(*) Plus un extrait d'All new marvel now point 1.

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jeudi 16 avril 2015

The sixth gun : le western comme renouveau du fantastique ?

The sixth gun 
Tome 3 : enchaîné
Cullen bunn/Brian Hurtt
Urban comics
Février 2015

Écrire sur the sixth gun, c'est dire du bien d'un comics qui a été nominé deux fois en 2012 aux USA pour le Eisner award et trois fois pour le Harwey Awards.
Édité dans la collection
Indies de Urban en France, ce projet né en 2001 chez la maison d'édition indépendante de Portland Oni press avec un fascicule du Free comics book day aux Usa a prévu 50 numéros et doit s'achever cette année. (On en est au 47 eme.)

Ce qu'on appelle un "weird western" la bas , c'est a dire un western bizarre, met dans les faits en scène un héritage maudit : 6 pistolets aux pouvoirs extraordinaires.
 Le pitch est assez simple : Après la guerre de sécession, une équipe de "gentils" combat les forces du mal, dirigées par un vieux général sudiste : Oliander Bedford Hume, gardé enchaîné dans son cercueil, mais servi entre autre par sa femme, dont le pistolet lui fait office de bain de jouvence ( un crime équivalent à quelques années.) S'en suivent, depuis trois tomes, diverses courses poursuites et apparitions de nouveaux personnages, aux profils tous plus intéressant les uns que les autres, mis en valeur au fil des numéros.
Oliander Bedford Hume

Celui-ci s'attarde sur Gord Quantrell, ami de l'héroïne principale Rebecca "Becky" Montcrief : un colosse noir qui a perdu sa famille assassinée par une secte. Il n'aura de cesse de les venger. Ces moments nous entrainent dans les plantations du sud et c'est là que des révélations nous sont faites a son sujet.L'autre personnage intéressant est une momie : un garçon géant né difforme, qui possède le don de vision. Celui-ci verra sa propre mort et la mort de sa bien aimée, et choisira plutôt de vendre son âme à des sorcières afin de repousser son trépas dans ce corps faible, et la sauver. ...Peine perdue. Celui-ci va alors servir un temps Eli Barlow, sorcier sous les ordres de madame Hume... avant de changer de voie ?



Les personnages principaux

Cullen Bunn, auteur entre autre de Sinestro et de Deadpool propose là un récit dynamique, utilisant les rouages du fantastique et du "zombie tale" avec une touche western non dénuée d'humour qui rappellera par moment le ton d'un Tarantino*. On pense aussi bien évidemment à East of West, série de Kirkman, qui associe  western et science fiction. D'autres avaient déjà tenté le mix ces dernières années ; on pense entre autres à "Cow boys et aliens"...mais on pourra aussi citer "Billy wild", "Mille visages", "WEST"...et j'en passe et des meilleurs.
 Un genre pas inintéressant, qui trouve donc ici de nouveaux rebondissements.

Brian Hurt a quant a lui réalisé de belles choses avec Queen and country et Damned, et est aussi publié en ce moment chez le même éditeur avec Gotham central. Son style semi réaliste a la limite du cartoony est efficace et agréable, sans compter sur la bonne mise en couleur de Bill Crabtree.



Une série très plaisante, bien maîtrisée à ce stade, qui a su évoluer en termes de dessin, et qui devrait donc rouler sur sept ou huit tomes.

(*) Dont on peut lire à ce propose l'adaptation comics du film "Django" chez le même éditeur.

Voir la page spéciale sur le site d'Oni press

Analyses