dimanche 31 janvier 2016

Dylan dog, statue vivante chez Mosquito

Dylan dog : statue vivante
Mari & Enna
Mosquito
Oct 2015

Dylan dog est un personnage étonnant, issu en 1986 de l'imagination de l'auteur italien Tiziano Sclavi. Il s'agirait de la première bande dessinée d'horreur des éditions Bonneli, la plus connue des maisons de fumetti transalpines, active depuis les années 40 et connu pour ses petits formats édités en France, entre autre chez Lug.
Ce jeune et galant ex flic londonien, qui pourrait être comparé aujourd'hui  à l'agent Mulder de la célèbre série TV, s'est mis à son compte et enquête sur tout ce qui sort de l'ordinaire. C'est ainsi qu'il a été amené, au cours des très nombreuses aventures qu'il a déjà vécues à combattre "des vampires, des loups-garous et des fantômes sans oublier des monstres bien plus dangereux et déloyaux: les violences domestiques, le racisme, l'indifférence, la soif de pouvoir, l'ennui". (Wikipedia)

En France, après les éditions Hors collection (4 volumes en 2001-2002) et Panini (2 albums en 2013), c'est la troisième fois qu'un éditeur tente de relancer l'intérêt sur ce personnage très célèbre chez nos voisins italiens. Les éditions Mosquito, dans la lignée de leur politique de découverte et d'hommage au patrimoine BD transalpin nous proposent donc ce premier volume sous une forme cartonnée moyen format au papier épais d'une histoire parue originellement en 2008.(1)

Statue vivante conte les déboires de Violet, une jeune femme sculptrice, mêlée malgré elle à une affaire sordide de meurtres au sein d'un cimetière. Il se trouve que les meurtriers apparents sont justement des statues provenant de son atelier...

Si l'histoire nous plonge dès le départ dans un fantastique assez classique et de bon aloi, et que l'enquête, plutôt bien scénarisée par Bruno Enna, fait cependant davantage penser aux ambiances de notre détective national Nestor Burma, qu'à celles par exemple, d'un Hellboy,  ce sont surtout les magnifiques cases de Nicola Mari qui donnent tout le relief à cet album. Le noir et blanc onctueux de l'artiste oscille entre ce qu'il y a de meilleur chez des dessinateurs comme Munoz, ou Igor Baranko, et la qualité du papier, encore une fois, comme l'impression très réussie, participent pleinement au rendu graphique.

Du bel ouvrage, et l'envie de mieux connaitre ce héros, dont on effleure juste le tempérament ici.
Ça tombe bien, les premiers épisodes sont encore disponibles chez Panini, et un autre épisode suivra en 2016 chez Mosquito.

(1) voir l'excellent article récapitulatif sur Bdzoom

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lundi 11 janvier 2016

Transperceneige Terminus

Transperceneige Terminus
Olivier Bocquet/Jean marc Rochette
Casterman, Oct 2015

Pour ceux qui ont découvert Transperceneige sous le titre Snowpiercer, dans la version cinématographique qu’en a donné le coréen Bong Joon-ho en 2013, et pour tous les autres, il sera intéressant de préciser que Terminus est effectivement l’ultime volume papier de cette histoire en comptant quatre.

Tout avait commencé en 1984, avec Lob comme scénariste, et Alexis au dessin. On sait ce qu’il advint d’Alexis, DCD, remplacé par Rochette, alors auteur de Edmond le cochon dans l’Echo des savanes. Ce titre avait permis de (re) situer ce dernier dans un registre moins « gros nez », plus à même, on sera tenté de dire, de lui apporter une reconnaissance méritée. Ce qui ne fut pas vraiment le cas…malgré un dessin noir et blanc très intéressant.
Puis Lob est parti à son tour, et c’est Benjamin Legrand, avec qui Rochette avait déjà travaillé sur Requiem blanc et L’or et l’esprit (Casterman 1987 et 1995), qui repris le flambeau.
Deux volumes pour poursuivre le récit de ce train où l’humanité vit retranchée, filant à travers les étendues glacées d’un monde en perdition.
Puis 2013 a vu la sortie d’un film, plutôt réussi, qui a permis la parution en intégrale du triptyque d’alors. On laissait à ce moment là une bande d’arpenteurs sortir du train alors stoppé. Et chercher, à la poursuite d’un ours blanc, si la vie pouvait encore être possible en dehors du cortège métallique…

C’est Olivier Boquet qui a eu l’idée de ce Terminus. On retrouve l’aventure et nos héros là où on les avait laissés : dehors., au pied d’un bâtiment d’où émettait une musique.
Mais il s’avère que celle-ci est automatique… Alors d’où vient la source d’énergie qui permet ce prodige ?
La poignée d’arpenteurs dont Puig, Omar, Mattéo, et Tania, vient de trouver une plaque donnant sur un ascenseur, hors service, dont le puits descend très profond. Ils vont l’emprunter, en rappel, sans possibilité de retour, dans l’espoir de trouver quelque chose.

A bord de la loco, alors que l’ambiance est explosive, et que les wagons de queue veulent prendre d’assaut la cabine, Val annonce au micro à Puig qu’elle est enceinte de lui…
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Une scène terrible
©Bocquet/Rochette/Casterman

C’est avec plaisir et avidité que l’on retrouve l’ambiance et l’aventure Transperceneige, à l’image de la couverture, dont le dessin d’un homme descendant dos en arrière dans un puits sans fond donne l’impression de se jeter dans l’inconnu.

L’inconnu, et le suspense, Olivier Bouquet a réussi à le garder, comme dans les premiers tomes, en injectant une dose supplémentaire d’épaisseur au scénario original.
C’est ainsi que notre petite équipe va découvrir une cité souterraine, y attirer le reste du convoi, et se retrouver dans une situation digne des meilleurs œuvres de science-fiction apocalyptiques.
Sans dévoiler ce rebondissement, on pourra faire appel à de nombreuse références comme la Planète des singes,  Shelter, de Chantal Montpellier… et bien d’autres encore… pour décrire ce que l’on ressent alors, où l’angoisse de se sentir coincer dans un endroit isolé du monde, dangereux, est prégnant.

L’auteur s’approprie les personnages, en joue, et en invente de nouveaux… incorporant avec talent dans son récit de nouveaux sujets sociaux et politiques et une intrigue ménageant le suspens. Jean Marc Rochette quant à lui, bien qu’ayant été blessé à l'épaule dés la page 22 de l’album (qui en compte 222), a su garder une qualité de trait agréable, et nous offre une belle démonstration de savoir faire avec son dessin gras très particulier, vraiment adapté au type du récit.

Ces deux auteurs ont su faire évoluer l’histoire du Transperceneige, et lui donner une fin digne de ce nom, et ça, ça n’était pas gagné.
Qu’ils en soit ici remerciés.


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jeudi 7 janvier 2016

Les Naufragés, superbe manga coréen


Les Naufragés T1 & 2
Choi, Min-ho
Ataka, Nov 2015 (pour le tome2)

Kim rentre en Corée après un long séjour à l'étranger. Il vient rouvrir la vieille maison familiale, pour monter une boutique d'aquariophilie. Mais il emménage dans un quartier de prostituées. Là, il va faire la connaissance de Eun-Soo, jeune femme perdue, comme lui.

Min-Ho Choi est un jeune auteur assez rare en France, qui s'était déjà fait remarquer avec son très écologiste :  Moi, jardinier citadin en 2013-2014 chez le même éditeur. La poésie écorchée dont il fait preuve dans ses récits est augmentée d'un style aquarellé tout asiatique qui nous plonge entièrement dans l'âme et les doutes de ses personnages.

Cette réalité crue que vit la demoiselle, rentre en contact avec le milieu aquatique et passionné du jeune homme, et c'est autour de cet univers très particulier que leur relation va pouvoir naître, non sans mal.

Le titre original de ce manga en deux tomes est "Lung fish", (Le Dipneuste en français), qui est un poisson très rare et ancien qui a la particularité de respirer avec ses poumons. Il peut vivre dans l'eau et sur un rivage, mais il ne peut facilement le faire. C'est un peu le cas de ces deux jeunes gens, perdus dans un endroit où ils doivent se reconstruire...

Une très belle découverte, à bien des égards, mais cette chronique sociale et amoureuse difficile sera plutôt conseillée aux adultes.

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Analyses