vendredi 9 décembre 2016

Une librairie pleine de surprises pour Noël !

En ce moment chez Nebular store...
de quoi vous faire vraiment plaisir...

Inside Moebius, intégrale, 736 pages



Deux Locke and Key en un superbe recueil relié. 


Deux Walking dead en un, pour parfaire sa collec !


My (hell) God !

lundi 5 décembre 2016

La route est sinueuse, mais le chef d'oeuvre assuré, pour Christopher et Pellejero.

The long and winding road
Christopher/ Pellejero
Kennes
Octobre 2016

Christopher, que l'on apprécie ici depuis le début des années 2000, lorsqu'on l'a découvert avec Jean-Phillipe Peyraud dans les publications de la Comédie illustrée*, continue son bonhomme de chemin. Son trait frais et un peu naif, typique a cette petite maison d'édition, est repérable entre tous.
©Pellejero/Mosquito 2016
Il s'est installé tranquillement mais surement dans le paysage éditorial de la bande dessinée et s'est fait une petite spécialité d'histoires intimes et familiales, ("Les filles, All you need is love"...), tout comme il nous a habitué à des ambiances stylées autour de la culture pop et rock. Un peu finalement comme Dupuy et Berberian, ou Hervé Bourhis,  dans une autre style. A cet égard, sa série Love song, avec ses reprises, en couverture, de pochettes d'albums cultes beat des années soixante et particulièrement délicieuse.
Il revient aujourd'hui uniquement au scénario, avec une histoire charmante, passionnante et émouvante, au ton rock très marqué, dans un gros bouquin de 184 pages, dessinées par un Ruben Pellejero toujours aussi talentueux, à la bibliographie qu'il faut à tous prix (re) découvrir (1).

Le jeune Lucien découvre la Pop music
©Pellejero/Christopher/Kennes
 ...Campagne de Montpellier, de nos jours. Ulysse est un quadra discret et rangé, en passe de divorce, qui doit assumer aujourd'hui l'enterrement de son Père. Ils ne se connaissaient que très peu et Lucien, le défunt, a laissé des dernières volontés assez particulières : celui-ci désire en effet qu'Ulysse parte à bord de son combi Wolfswagen d'époque à l'ile de Wight, où il avait assisté au fameux festival en Août 1970, afin de disséminer ses cendres. Il doit emmener avec lui ses trois copains de jeunesse, trois hippies. Un périple initiatique que notre personnage principal n'a pas vu venir, et qui le chamboulera, tout comme nous.

Le Dead !
©Pellejero/Christopher/Kennes
Christopher a assuré avec ce long roman graphique. Si on est un peu dérouté au départ par l'imposant volume et l'apreté du propos (Ulysse nous file son spleen et on a que peu envie de le suivre à l'enterrement), on se prend assez vite au jeu du road trip et de la quête initiatique. D'autant plus qu'il est aidé par sa tante, charmante. Puis, dès lors qu'il s'embarque à bord du vieux Commodore, puis est rejoint par les trois vieux lascars anarcho hippies, l'aventure commence.  Quelque part, on est pas loin du trip "Little miss sunshine" (film de Jonathan Dayton et Valerie Faris, 2006).
Au niveau ambiances, j'avoue ressentir des similitudes avec le travail de Jean Claude Denis dans cet opus, c'est à dire pas mal de poésie et d'humanisme, mais je crois que l'auteur a développé très tôt cette propension personnelle. L'ajout d'une bande son seventies bien choisie qui suit pertinemment l'avancée de la troupe jusqu'à la fin du périple, rajoute  ceci dit beaucoup au charme de l'album. Je n'ai pu m'empêcher de mettre le casque sur les oreilles au fur et à mesure des suggestions, au moins pour découvrir ou ressentir l'ambiance encore plus fortement, et je recommande chaudement aux lecteurs de le faire, tant cela peut déclencher de vives émotions. Les personnages sont beaux, les pages de Ruben Pellejero magnifiques. Et lui qui sait si bien mettre en valeur les belles demoiselles, nous régale de cases superbes. Ah oui, n'oublions pas aussi l'humour, bien sûr, très présent dans cette aventure.

La réalisation de cet ouvrage a du représenter un sacré pari et une belle aventure pour nos deux auteurs, vraiment complémentaires, et se pose même, à mon avis,  comme une sorte d'acmé pour Christopher. De quoi l'intituler "The long and winding road" (la route longue et sinueuse.)

(*) Où il publiait déjà depuis 1995 !

(1) 
Pellejero, bien connu entre autre pour son personnage Dieter Lumpen, créé avec le collègue Jorge Zentner, et  dont le "Blues et autres récits en couleur" (Casterman 1999) vient d'être réédité sous le titre "Gammes chromatiques" chez Mosquito ce mois d'Octobre.


Ci-dessous : Un exemple de morceau disséminé tout au long de l"album.
Celui-ci en l'occurence m'a particulièrement ému vers la fin. 




La playlist complète de l'album, par Bruno Lourdelet :


Un ex libris de Christopher pour la sortie en allemagne de sa série Love song (2012)
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mardi 22 novembre 2016

Charles Christopher : le meilleur du strip moderne ?

Couverture unique pour la France
L'abominable Charles Christopher t2
Karl Kerschl

Lounak sept 2016

Oyé oyé ! On avait déjà eu du nez en orientant un faisceau de lumière sur le premier tome de cette oeuvre particulière, à l'occasion de la première chronique concernant les éditions canadiennes
Lounak, mais sans sa lecture effective, (mea culpa), il m'aura fallu attendre l'opportunité de ce deuxième volume pour bien comprendre l'enthousiasme généré outre atlantique par ce petit trésor. 

Le format cartonné à l'italienne s'ouvre, et déjà on remarque la qualité du papier utilisé : légèrement jauni, épais...un petit air de parchemin qui donne le ton. Puis la belle vue aquarellée unicolore dans des tons verts pâle, d'un lion surplombant une citée en feu dans une plaine, étonne. Et l'on entre enfin dans l'histoire, ou ce que l'on croit être une histoire "classique".  Mais il n'en est rien. 
En effet, très vite, la première impression d'originalité est surpassée par la forme : Charles Christopher est constitué d'un ensemble de strips, et ceux-ci ont la particularité de s'assembler comme un puzzle, série par série, dans un rythme bien déterminé.  
©Karl Kerschl/Lounak

On découvre d'abord une scène se déroulant dans la cité, vue par deux chats de gouttière. Puis des scènes de forêts, où un panel d'animaux nous est présenté. Leur petite vie tranche avec ce que l'on peut connaitre d'autres séries animalières, dans ce que les dialogues de chacun possèdent de philosophie et d'humour décalé. Un lien entre ce qu'exprime  les animaux et ce que l'auteur souhaite amener comme ambiance. A ce stade, on hésite entre un rappel des Boondocks (Aaron Mc Gruder, 6 albums chez dargaud 2001-2006)  ) et Bêtes de somme (Dorkin/Thompson, 2012 chez Delcourt), mais l'intégrale des strips de Peanuts, de Marc Schultz, en format à l'italienne, chez Dargaud est aussi une référence qui vient ... à l'esprit., justement à cause de celui-ci.  ;-)


©Karl Kerschl/Lounak
Puis Charles Christopher, une sorte de gentil yéti des bois apparaît, avec une bonhommie et un silence qui tranche avec l'agitation du reste des personnages. D'ailleurs ces propres strips sont attendus avec d'avantage d'impatience car ils sous-tendent tout le récit, les autres bandes procédant finalement plutôt comme une sorte de ressort humoristique et sociétal rythmant l'album. Charles va vite devoir affronter le seul humain visible de l'histoire, un petit roi belliqueux, dont on ne verra cependant pas le visage, caché par un masque très...animal.

Enfin, une autre série de strips concerne d'autres animaux, parqués dans un cirque aux faubourg de la cité. Présentée sous un titre : " L'histoire de Vivol et moonbear" celle-ci constitue le pendant des déboires de Charles Christopher, et on comprend rapidement que les deux sont destinées à se rejoindre. 

©Karl Kerschl/Lounak

Ce que j'en pense : La forme du dessin, plus que la mise en page, originale, et le costume de guerrier du petit roi avec sa grosse épée, pourrait, au premier abord, faire penser à un album de série manga fusion, dont quelques titres moyens déjà vus n'apportent pas grand chose à la production (française, entre autre). Mais il n'en est rien. Karl Kerschl n'est pas un nouveau venu, et ce qu'il a développé dans ce titre, au delà des séries comics de super héros auxquelles il est associé par ailleurs fait montre d'un regard et d'une originalité bien personnelle. Son côté indépendant (on est chez Lounak !) est revendiqué, et on savoure l'aspect intriguant du scénario. A vrai dire, on ressent un étrange fascination pour ces strips déroutants, qui ne se suffisent pas vraiment à eux même (quoi que, pour certains, si !) et qui sont imbriqués dans un synopsis plus complet au suspens bien tenu. La forme et le fond sont de fait habilement associés, pour faire de ce Charles Christopher une oeuvre dores et déjà culte. 

A découvrir absolument, et tous publics, même si le ton choisi et les nombreuses références implicites trouveront encore davantage d'écho auprès des amateurs de narration graphique indépendante.

Voir le site de Karl Kersch

mardi 15 novembre 2016

Bloody hell, Satanie est enfin complet !

Satanie
Vehlmann/Kerascoet
Métamorphose/Soleil
Oct 2016

Fabien Vehlmann nous avait prévenu en février 2014 que « faute de ventes suffisantes du premier tome » de cette aventure très bizarre dans les enfers, "il n’y aurait pas de parution du second tome initialement prévu » (1)
On avait pourtant apprécié ici ce début de dytique, titré à l’époque « Voyage en Satanie », (Dargaud, 2011) coréalisé avec Kerascoét, binôme d’auteurs dont les participations graphiques sont souvent liées à des oeuvres remarquables et décalées. C’est donc avec beaucoup de plaisir que l’on accueille cette édition complète, reliée de belle manière dans un écrin rouge-sang magnifique, aux lettres d’or incrustées à chaud en couverture et sur le dos.
Mais de quoi s’agit-il ?

L’Abbe Montsouris rejoint en urgence au fond d’une grande grotte une équipe de spéléologie partie à la recherche de Constantin, disparu deux mois auparavant. L’équipe qu’il retrouve compte Mr Lavergne, la jeune Charlotte, soeur de Constantin, Legoff, et deux autres adultes. Malheureusement pris dans une inondation d’un orage extérieur qu’ils n’avaient pas anticipé, ceux-ci se retrouvent propulsé dans un noyau inexploré et vont vivre une aventure pour le moins extraordinaire. Ce sera en tous cas pour eux l’occasion de vérifier la théorie de Constantin, prêchant l’existence d’une race de démons vivants au coeur des enfers.

©Vehlmann/Kerascoet/Soleil

Il n'y a pas que du souffre et de la chaleur qui émanent de cet album, mais aussi beaucoup de poésie et d'étrangeté, comme on l'avait déjà ressenti à la lecture d'autres albums de Kerascoet tel Jolies ténèbres (Dupuis, 2009). Fabien Vehlmann nous emmène dans une descente fantastique, bien sûr beaucoup empruntée à Jules Vernes et son Voyage au centre de la terre, mais pas que. La première rencontre des aventuriers avec une civilisation pacifique dans une univers troglodyte plutôt moderne, rappellera aussi aux amateurs le Rayon U d'Edgar Pierre Jacobs. Puis la suite, où cette quête incroyable amènera Charlotte et sa petite troupe, (car celle-ci prend de plus en plus l’ascendant) vers le noyau de la terre et des décors dantesques, nous fera découvrir les fameux êtres décrits par Constantin dans ses notes. On s’était arrêté là en 2011, et c’est une simple pleine page noire qui nous propose d’aller plus en avant explorer cet univers rougeâtre, qui va ensuite exploser de mille couleurs et de créatures toutes plus étranges les unes que les autres*. 

©Vehlmann/Kerascoet/Soleil

Kerascoét s’éclate alors à 100%, et la retenue concernant le graphisme, dont on avait pu faire preuve sur le premier épisode, s’efface totalement. Le scénario est époustouflant, les pages bien mieux remplies, et les personnages (dont Charlotte, qui devient femme en quelques pages, mais chut, pas de spolier), entrainent le lecteur dans un maelström, néanmoins maîtrisé. Jusqu’au bout, on se demande en effet comment l’auteur va pouvoir gérer son final, tant l’histoire est ahurissante et pleine de rebondissements… mais une dernière pirouette permet de conclure en beauté… un récit qui pourrait éventuellement voir une suite.

Ce qui est incroyable avec cet album et cette histoire, superbes, en dehors de tout ce qui a été déjà dit sur la qualité scénaristique et la puissance poétique du graphisme, c’est aussi son ton adulte, qui surprend à plusieurs reprises, justement parce que le dessin à lui seul pourrait faire penser au premier abord à une oeuvre jeunesse. Or, à l’image de  Jolies ténèbres, et de ce que doit souvent faire le duo Kerascoét, il n’en est rien. Cela rajoute à la pertinence du propos au yeux d’un lecteur adulte.
Se dire qu’un tel album aurait pu ne jamais être offert complet aux yeux du public est une aberration, que vous vous empresserez de rejeter en l’achetant.

(1) http://vehlmann.blogspot.fr/search/label/Voyage%20en%20Satanie

(*) Et je ne peux m'empêcher de penser ici à Alerte aux Zorkons, le célèbre épisode de Spirou et Fantasio se déroulant dans une jungle fantasque.

lundi 7 novembre 2016

Le voyage exotique oui, mais avec Chronosquad.

Chronosquad 1 : l'une de miel à l'âge de bronze
Giorgio Albertini/Gregory Panaccione
Delcourt 2016



Nous sommes dans un futur qui a maitrisé le voyage dans le temps. Telonius Bloch est un trentenaire spécialisé en histoire du moyen âge. Il vit en colocation avec un copain et une superbe rousse, et a tout du parfait loser. Un matin, il est contacté par la Chronosquad, une agence qui assure la sécurité des voyages de tourisme dans le passé. La fille d'un banquier a en effet disparu avec son petit ami alors qu'elle était en vacances dans l'Égypte antique. Un équipe est montée en urgence à leur rescousse, et Telonious en fait partie.
L'ambiance de ce premier tome, d'une histoire qui en comptera quatre au total, pourra bien sûr faire penser aux Brigades du temps, de Kris et Duhamel (trois tomes parus depuis 2012 chez Dupuis), mais aussi, époque et lieu oblige, un peu à Papyrus (série classique de De Gieter chez Dupuis). La comparaison s'arrêtera là, car cette nouvelle série, plutôt adulte, au ton moderne et science-fictionnel revendiqué, explore davantage les "bas-fonds" et les dures réalités historiques des sociétés qu'elle visite, qu'elle ne donne à en rire.
Trop facile le voyage dans le temps !
©Albertini/Panaccione/Delcourt
 
Giorgio Panacini est d'ailleurs un professionnel du moyen âge et d'archéologie, ce qui explique le souci du détail des époques mises en scène. Si l'on navigue entre au moins deux continuum spatio- temporels différents : celui de notre présent avec l'équipe centrée autour de notre Mr Bloch au gros nez un peu gauche et le décor du lieu d'enlèvement des deux tourtereaux, le scénariste a aussi la malice d'incorporer un troisième élément (l'histoire d'amour de l'agent Chronosquad Penn avec Léonard de Vinci), ce qui rajoute un peu de piment à un déroulé pourtant déjà assez touffu.

Une touriste en fâcheuse position...
©Albertini/Panaccione/Delcourt
L'aventure est l'élément clef de ces voyages, et le Dinosaure blanc d'Henri Vernes (Bob Morane) n'est pas loin lorsque l'auteur nous transporte dans le paléolithique, même si l'époque n'a rien à voir. On est embarqué dans ce récit dès les premières pages, et on se demande si le ton faussement naïf employé par le dessinateur (cf le gros nez et le côté Pierre Richard de l'anti héros) n'est justement pas là pour faire passer la pilule d'un récit improbable. La couverture de l'album à cet égard, pourrait en rebuter un certain nombre.

Cependant, et au final, on est conquis par l'originalité du scénario, le charisme des personnages, et la profondeur des éléments dispatchés, notamment comment la violence, voire l'esclavagisme, liés à la notion de tourisme à outrance sont traités, apportant au passage une belle critique à peine voilée sur le voyage contemporain en "zones sensibles". Et on en redemande.
Ça tombe bien, trois suites sont annoncées.

Recommandé, et tous publics, quoi que certaines scènes peuvent heurter les plus jeunes.

lundi 24 octobre 2016

Le temps des sauvages de Sebastien Goethals : un roman graphique à dévorer !

La couverture, à elle seule, est un petit bijou.
Le temps des sauvages
Sébastien Goethals
Futuropolis
D'après le roman de Thomas Gunzig : Manuel de survie à l'usage des incapables.
Oct 2016, 168 p.

Sébastien Goethals, dessinateur spécialisé en polar et beaucoup vu chez Bamboo/Grand angle ou chez Soleil, signe là son premier roman graphique, hors série, et surtout seul. Il adapte un roman très bizarre, Sélection Prix Mauvais genres 2013, et Prix triennal du roman de la Fédération Wallonie-Bruxelles en 2016.

Tout d'abord on ne comprend rien : deux vieux jumeaux assis dans un petit salon étriqué racontent à un interlocuteur invisible (cela pourrait être nous) l'histoire vrai de Charles C Baker, qui en 1960 a eu l'idée d'inventer le beignet de poulet (le nuggets), mais n'a jamais pensé à déposer un brevet.  Il s'est fait déposséder par le créateur de la chaine Mac Donald, et personne ne se souvient de lui. 

Ce prologue introduisant l'univers du marché économique passe ensuite à une sorte de générique et une mise en abimes, où l'on pourrait quasiment entendre de la musique, celle d'une caisse enregistreuse . Nous sommes en effet dans un supermarché et le livre que nous sommes en train de lire passe sur le tapis roulant...


Une société de consommation rendue folle

Dans ce supermarché travaille Jean, un jeune agent de sécurité, à peine trente ans, et aujourd'hui il est en planque avec un collègue, en train d'observer une vieille caissière. Nous sommes en effet dans un futur proche, et le monde dans lequel nous vivons est basé entièrement sur la compétitivité, la perfection, l'obligation de réussite. Martine La verdure a la malchance d'aimer un de ses collègues, or le moindre signe de rapprochement, sur leur lieu de travail, peut leur être fatal. C' est ce qui va arriver, très rapidement, car la faute est attendue et même recherchée par l'employeur.  Mais une fois tous deux convoqués dans le bureau de la DRH, la situation si injuste et violente va générer une série d'accidents qui vont aboutir en cascade à la mort (le crime même) de Martine. 
Fin du premier acte. 
La suite, qui en réalité commence dès le début, mais en parallèle, met en scène une bande de quatre bandits cagoulés, très souples, animal même dans leurs attitude, qui vont attaquer au bazooka et explosifs, de manière très professionnelle, mais sauvage, un fourgon blindé appartenant â la chaine du même supermarché. 
Ces quatre frères : Blanc, Brun, Noir, Gris , des hommes loups, sont en fait les fils de Martine. Et leur vengeance de sa mort va tendre le déroulé de cette histoire, vraiment spéciale...
Une planche d'introduction magnifique,
aux allures de Boucq.
Si on partait d'un roman déjà très particulier et de qualité, et Thomas Gunzig est connu pour son originalité, il est admirable de voir avec quel brio Sébastien Goethals a réussi à créer un Roman graphique tout aussi précieux. On a,  dès la première planche, très poétique, et on le sent, tel un flashback, une ambiance qui est posée. Sébastien maîtrise sa mise en page et possède un dessin noir et blanc superbe, au lavis gris élégant, qui rappellera ici celui de Boucq. Trait fin, belle dynamique, noirs bien noirs, et dialogues au ciseau. On est séduit par autant de perfection.

En dehors du rappel esthétique lorgnant vers Boucq, on pourra aussi penser quelques instant à la série Lloyd Singer. Peut être vis à vis de la proximité éditoriale des deux auteurs (édités chez Bamboo tous les deux), mais peut être aussi pour l'espèce de folie latente transpirant du scénario.
Une maîtrise du suspens et de la tension,
comme des scènes d'action.
Cela s'arrête, ceci dit, là, car ce qui sous tend Le temps des sauvages, ce sont, d'une part l'élément très important du système économique ultra libéral de l'histoire, permettant une critique très forte d'un système, pas si éloigné que ça du notre (on est ici dans un pays européen, non loin de la Russie), et d'autre part l'élément fantastique omniprésent, caractérisé par les détournements pirates de gène codes, réalisés sur certains enfants,  les ayant amenés à voir mélangées certaines caractéristiques animales à leur ADN. Il n'y a pas que les loups d'ailleurs qui possèdent ces facultés. Cela présente l'intérêt d'un suspens bienvenu dans les retournements de situation. C'est donc ce subtil et intelligent mélange d'éléments qui donne toute l'étrangeté et la saveur de ce récit, que l'on dévore avec passion.



Le système de flashback-prologue/conclusion- fermeture de l'histoire, très cinématographique, ajoute à l'esthétique et confirme aussi le sentiment d'une maîtrise scénaristique, peu commune. On remerciera donc pas un, mais deux auteurs, pour nous donner autant de plaisir. 
Un lauréat pour Angoulême, cela va de soit. 


jeudi 13 octobre 2016

New York comics, une visite guidée de la capitale des comics

New York comics
Une visite guidée de la capitale des comics
Christopher Irving, Seth Kushner
Howard Wallach
Muttpop France/Glénat
Oct 2016

New York comics est un livre de 160 pages sur les comics et sur New York. Réalisé par trois américains :  Christopher Irving, associé à Seth Kushner,  photographe*, ce dernier lui-même soutenu par Howard Wallach suite à son décès prématuré, il propose, comme son sous-titre l'indique, une visite des principaux lieux qui ont fait ce média. Avec, pour chacun des 33 chapitres qui constituent le sommaire : un article, une photo couleur et quelques vignettes choisies tirées de comics. Treize questionnaires,  façon madeleine de Proust, répartis au fil des pages, interrogent des personnalités, françaises en majorité, sur leurs affinités avec new York et les comics. Leurs portraits sont dessinés par Lorenzo Chiavini.

Neuf mini citations d'auteurs américains influents, accompagnent leur photo, disséminées au sein de l'ouvrage.
La préface est de Dough Headline. Et Alexandre Vende, responsable de la plateforme Bons plans voyage New York répond sur deux pages à quelques questions sur le sujet en fin de volume.




Si de premier abord, ce bouquin format moyen, à la couverture arty deux couleurs et à la maquette agréable inspire la sympathie, il est aussi bien écrit et plutôt original sur son propos. A ma connaissance, cela n'avait pas encore été fait en France.
Que ce soit dans l'introduction de Christopher Irving ou au sein de chaque chapitre, on prend beaucoup de plaisir à lire les anecdotes concernant ces quartiers, immeubles, studios d'artistes. De plus, ces courtes notices, de 1 a 4 pages maximum, permettent de résumer, voire de préciser de belle manière ce que l'on pouvait éventuellement déjà connaître un peu au travers d'autres livres consacrés à des éditeurs ou des auteurs.

Un guide à la fois séduisant et concis, qui associe en outre un voyage historique et un autre géographique au sein de la grosse pomme, aujourd'hui.

(*) Déjà auteurs tous deux de "Des comics et des artistes, portraits" (Muttpop, 2013, réédité en Sept 2016)

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mardi 4 octobre 2016

Anlor prend son envol chez Grand angle avec "A coucher dehors"


A coucher dehors
Ducoudray et Anlor
Grand angle
Sept 2016

Une couverture de toute beauté. Une thématique science-fiction humoristique ?... La curiosité est aiguisée et on ouvre ce nouvel album d'Aurelien Ducoudray avec envie.

Amédée et ses potes de galère : Prie-Dieu et la merguez, sont trois SDF qui vont se faire déloger de dessous leur pont aujourd'hui car les rives de Paris doivent être laissées propres pour les touristes l'été. 
Au moment où les choses s'enveniment avec la police, un évènement inattendu se produit : un notaire vient signifier à Amédé son héritage de la grande tante Adelaide : un superbe pavillon de banlieue.  une seule condition à cela, qu'il prenne en charge Nicolas, le fils trisomique de la défunte, un jeune homme fanatique de Youri Gagarine.


L'idée était très bonne. Le rendu est impeccable. Fort d'un scénario et d'un humour maîtrisés, "A coucher dehors" se révèle être une excellent surprise.
Aborder à la fois le thème des SDF et de la trisomie dans la même histoire n'était pas chose aisée, tant il faut savoir doser l'aspect réaliste et l' aventure, nécessaire dans une collection comme Grand angle. Mais Ducoudray y ajoute une grosse dose d'humour qui apporte l'ossature primordiale au récit.

Le "temple multireligions" des trois SDF
©Ducoudray/Anlor/Grand angle

Anlor (Anne Laure Tran), quant à elle, nous ravit avec son dessin moderne, souple et très dynamique, aux réminiscences de Loisel et Mourier. Elle assure aussi avec grande efficacité la colorisation, aux dominantes bleues et orangées particulièrement agréables. Il s'agit de son troisième travail dans l'univers de la bande dessinée, et le deuxième projet avec Ducoudray (Amère Russie en 2014-2015), faisant suite aux Innocents coupables (2011- 2013, avec Laurent Galandon). Je ne la connaissais pas avant cette lecture, avait juste vu passer une couverture des "Innocents", mais il va sans dire qu'avec une telle réussite, je suivrai dorénavant avec davantage d'attention son travail.

A coucher dehors réussi le pari d'un one shot agréable et maîtrisé tant au niveau scénario qu'au niveau graphique. Les personnages, très attachants, aux trognes succulentes, évoluent ceci dit dans un environnement bien posé qui nous laisse à la 48tieme page face à une fin ouverte, comme la possible promesse d'un début de (nouvelle) série. C'est tout ce que l'on souhaite à ces deux auteurs talentueux. Tout public, et recommandé.


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mercredi 28 septembre 2016

Au fil de l'eau : un magnifique premier album solo

Au fil de l’eau
Juan Diaz Canales
Rue de Sèvres
Sept 2016
108 p.

La première chose qui frappe lorsque l'on ouvre ce grand format épais de 108 pages, c'est la qualité du papier, et le dessin, superbe, dés la première page : Un trait noir et blanc qui arrête le regard. Un travail graphique remarquable, exacerbant un certain classicisme.
Le récit pourrait raconter n’importe quoi, on serait preneur… Et bien qu'il ne s'agisse pas de n'importe qui, puisque Juan Diaz Canales et connu pour être, entre autre, le scénariste de Blacksad, ...cet album est le premier qu'il dessine !

Mais cette histoire de retraités espagnols : Longino, Urbano, Godofredo, Niceto, pris dans un engrenage face à un serment qui les dépasse, est aussi d’une originalité peu courante. Le tout posé dans une atmosphère et un scénario de polar superbement maitrisé, qui laisse place, ultime cerise, à un aspect quasi documentaire sur la vieillesse aujourd’hui en Espagne. Et le fait que cela se passe là-bas retient davantage notre attention, car de magnifiques décors, et l’aspect sociétal évoqués nous absorbent, comme dans un dédale d'éléments exotiques à découvrir.
Mais la pièce des générations qui se joue : les relations entre enfants, parents, grand parents, est aussi passionnante. L'auteur décrit assez finement le temps qui passe, inexorable. Et ce, de manière la fois poétique et dramatique. 

Car le chômage et les trafiques en tous genres, touchant aussi les anciens, éclate au grand jour, au vu et au su des services de police de quartier, qui ne peuvent malheureusement pas faire grand chose... même si Alvaro, le petit fils d'un des ancien y travaille.
L'auteur en profite aussi pour aborder les relations aux immigrés (chinois pour le coup), victimes collatérales des relations (pourries) avec la justice ou les flics. Là, c'est Roman, le propre  fils de Niceto, médecin légiste, qui est "mouillé" malgré lui.
Il ne fait pas bon vieillir dans certains pays d'Europe semble nous dire Canales... Mais pourtant, la vie continue, et l'espoir et là, tout proche.

Un magnifique premier album en solo, chaudement recommandé.

mardi 20 septembre 2016

Un délice, cette New deal de Jonathan Case.

The New deal
Jonathan Case
Glénat comics
Août 2016

Glénat comics nous ravit avec des titres toujours aussi exigeant depuis la reprise de la collection par Olivier Jalabert.
Les séries s'enchaînent et leur qualité ne faiblit pas. C'est dans un contexte de rentrée scolaire néanmoins que l'on découvre ce petit bouquin à la maquette très soignée, façon art-déco. Et si ce n'est pas de cette époque dont il s'agit puisque New deal, comme son nom l'indique, traite des années trente aux USA, la charmante demoiselle en couverture y renvoie ceci dit un peu.

New York, 1936, les États unis tentent tant bien que mal de se remettre de la crise de 1929 avec le New deal organisé par Roosevelt. Des bidonvilles se montent juste à côté de zones du centre ville, et l'hôtel Waldorf Astoria, l'un des plus prestigieux n'échappe pas à cette crise. C'est dans cet ilot fréquenté par les riches que se déroule ce huit clos.
Frank o'Malley est un jeune groom, peu débrouillard et un peu naïf, qui n'hésite pas à l'occasion à chaparder. Il s'entend plutôt bien avec Theresa, une demoiselle de couleur, femme de chambre un peu plus âgée que lui, qu'il aide à répéter. Celle-ci travaille en effet un rôle dans la pièce de Mac Beth lancée avec des fonds publics à Harlem par Orson Welles.
Jack Helmer, un ponte du cinema à qui Frank doit 400 $ arrive à l'hôtel, et Nina Booth, une superbe jeune femme apparemment riche ne tarde pas à faire aussi son entrée. Tout ce petit monde va cohabiter en se télescopant, jusqu'à ce qu'un incident : le vol d'un collier d'une vieille habituée de l'hôtel ne sème la zizanie...et ne révèle les personnages.

Mais qu'y a t-il sous ce rideau noir ?
P.63 ©Jonathan Case/Glénat comics


Jonathan case n'est pas encore très connu des lecteurs français. En tous cas, seules 2 publications en albums ont été éditées jusqu'alors dans l'hexagone. Deux thrillers : Le tueur de la Green river chez Ankama, (2012) et The Creep sur scénario d'Arcudi chez Urban comics en 2014. Mais son irruption chez Glénat ne va sans doute pas passer inaperçue.
La maîtrise dont il fait preuve dans cet exceptionnel roman graphique, mélangeant vaudeville, polar et (presque) super héros* est remarquable, tout comme l'apport documentaire culturel et social sur cette époque troublée (1). Mais que dire de son dessin ?
In a Catwoman style.
©J. Case/Dark Horse comics

Le trait de Jonathan case surprend ici par son penchant avoué pour la ligne claire (lire l'interview exclusive en fin de volume.) La clarté de ses lignes, rehaussées de tons gris-bleus clairs pour certaines couleur dont celle de la peau de Theresa est du plus bel effet. Passé cette bonne surprise, on s'attarde sur le coté comique (satirique) de beaucoup de situations, et les mimiques des personnages. En effet, au delà de faire écho à la pièce qui est en train de se monter dans les quartier pauvres, celles-là pourront aussi rappeler aux amateurs les comics de ces années 30, où l'outrance était (encore) de mise dans le journaux qui les publiaient. Beau second clin d'oeil au médium bande dessinée de la part de l'auteur. Quant aux autres influences, mise à part une référence personnelle à Annie Goetzinger, purement stylistique, due à la robe magnifique de Nina en couverture, j'ai vu un mélange de Vittorio Giardino et du grand Alex Toth dans le dessin très pur de Jonathan.
Un vrai délice.

(1) Plusieurs pages en fin de volume resituent le contexte social, politique, économique et culturel de l'époque.
* Voir le clin d'oeil à Catwoman en page 94. En effet, Jonathan Case a dessiné ce personnage pour DC. N'oublions pas aussi que les super héros sont apparus à la fin des années 30.



La page du livre sur le site de l'éditeur : http://www.glenatbd.com/bd/the-new-deal-9782344016220.htm

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mardi 13 septembre 2016

Un gant blanc qui invite au voyage chez Filidalo

Gant blanc
Frédéric Chabaud/julien Monier
Filidalo éditions
Juillet 2016

Fidèle à la politique de découverte de ce blog, essayant de mettre en avant des albums, récits, auteurs ou éditeurs sortant un peu de l'ordinaire, c'est avec un certain enthousiasme que j'ai sorti de la pile de nouveautés du magasin ce bel album cartonné.
Deux auteurs inconnus de moi, un éditeur itou, et une couverture plutôt réussie étaient déjà suffisant. Mais l'intérieur, aux traits onctueux et aux couleurs agréables inspirait le meilleur. Et c'est effectivement ce que j'ai découvert.


Londres, 1908, un jeune homme se voit hériter d'un drôle de coffret, par son père biologique qu'il ne connaissait pas et qu'il croyait mort d'un naufrage peu après son adoption. Dans ce coffret : un gant blanc, un bout de fétiche, une clé, un carnet...C'est grâce à ce dernier que nous allons remonter l'histoire incroyable de son propriétaire : Jonathan Wood, qui était parti en 1886 aux cotés d'un jeune lord : sir Brightman pour un voyage qui devait les mener à Chypre. Mais ceux-ci ne la virent jamais, suite à la récupération d'un étrange naufrage tatoué qui sema le chaos sur leur bateau et changea à jamais la vie de Jonathan.

La malédiction "bienveillante" de Jonathan. 


Frederic Chabaud a écrit là un superbe scénario, dans la grande tradition des récits d'aventures du XIXeme siècle. Ses personnages, attachants, se frottent à de la sorcellerie, des courses poursuites dans la jungle, de la mythologie...et l'auteur parvient à nous tenir en haleine en mêlant de nombreuses références et nous faisant voyager sur de nombreux continents, maintenant à chaque chapitre un suspens de qualité. De son côté, Julien Monier excelle dans le dur exercice d'illustration d'un album de ce genre, et sa maîtrise d'une technique très personnelle, pouvant néanmoins rappeler un subtil mélange entre un Fred Bernard ou un Jean Claude Denis, fait d'un encrage gras et des aplats de couleurs doux très agréables, apportent le support étonnant mais idéal à cet album.(*) 
Hergé vous avez dit ? L'Aventure !
©F. Chabaud/J. Monier/Filidalo


Ce récit de 76 pages n'est pas qu'une introduction, mais les deux dernières cases nous invitent directement à un second tome pour "trouver des réponses". Ca sera un grand plaisir tant la découverte a été heureuse.
> Tous publics et chaudement recommandé.


(*) Celui-ci avait déjà publié avec le même scénariste et chez le même éditeur en 2015 :
Fatalitas (104 pages). On s'empressera donc de le commander.

Le site des éditions Filidalo : http://www.editionsfilidalo.com/catalogue-2


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dimanche 11 septembre 2016

Marazano et Guilhem ressucitent à nouveau Tesla dans un album de toute beauté

Les trois fantômes de Tesla
Marazano/ Guilhem
Lombard sept 2016

Richard Marazano, parmi ses nombreux projets, nous invite avec cette nouvelle série dans un récit à l’apparence steampunk se déroulant à New-York en 1942, et mettant en scène les deux scientifiques renommés que tout a opposé : Thomas Edison et Nikolas Tesla. 
Pour nous servir de guide au milieu de cette intrigue très fantastique : le jeune Travis Ciolem, qui vient d’emménager avec sa maman, à Manhattan au 13, 21th east street, au treizième étage d’un immeuble, dont l’un des voisins est un vieux monsieur peu loquace qui cache un grand secret : Nikola Tesla.

Il faut avoir lu quelques lignes de la biographie de Tesla pour comprendre combien Marzano n’a pas eu beaucoup à tergiverser, on imagine, avant de décider de l’adapter en bande dessinée*. Celle-ci fait en effet la part belle à des inventions incroyables et historiques, concernant l’électricité et le magnétisme. De plus, la rivalité qui a opposé ce scientifique d’origine Croate et l’américain Edison, pour lequel il a d’abord travaillé, donne matière à de nombreux rebondissements et une atmosphère de tension permanente, que le scénariste utilise pour faire monter son suspense, dans des décors de début de troisième guerre mondiale intéressants. En effet, l’invention de Tesla concernant  des appareils télécommandés est l’élément de science-fiction le plus fantasque de ce premier tome, utilisé pour montrer des robots se déplaçant dans l’East river, et une menace japonaise.


Mais Marazano va plus loin, en jouant sur le lien entre l’énergie magique qui procure la vie, (l’électricité), et le pouvoir que celle-ci peut donner, aux vivants (l’armée par exemple), comme aux morts, pour pousser son récit dans un univers à la Hellboy, où les damnés se servent aussi des forces électriques pour leur permettre une seconde vie. > Les fantômes du titre.  On notera ceci-dit que l'on avait déjà pu lire un album où Nikola Tesla et Edison étaient utilisés comme personnages d'une histoire fantastique, dans l'épisode : "le monstre", in Tarzan, de Kindzierski et Stan, en 1998 chez Soleil. Il s'agissait alors de son séjour à Paris entre 1882 et 1888.


En conclusion : un très bon premier tome, très agréablement dessiné par Guilhem, déjà remarqué avec les séries jeunesse Space mounties (Lombard) et Zarla (série d’héroic fantasy humour chez Dupuis) et dont le trait a ici gagné en réalisme.
Les couleurs, sombres, dans les tons de bleus gris et de jaune orangés appuient parfaitement les ambiances inquiétantes. La maquette, quant à elle, vaut quasiment à elle seule le détour, avec une couverture cartonnée magnifiquement réalisée, avec dorure à chaud, sur une illustration évoquant la Guerre des mondes de HG Wells.

Recommandé. Tous publics.

(*) 
A visiter : le site Teslapapers mis en place par le Lombard, présentant les fiches documentaires sur Tesla, que l’on trouve actuellement sur les pages de garde de l’album, et qui sera alimenté avec de nouveaux éléments assez rapidement (fiches du FBi, autres articles etc ...)

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jeudi 1 septembre 2016

La grande aventure de Tintin

Parmi les nombeuses nouveautés de cette rentrée : un pavé.
La grande aventure de Tintin
Ed Moulinsart/le Lombard 
26 Août 2016




A l'occasion des 70 ans de la création du journal Tintin, les éditions du Lombard publient : "La grande aventure de Tintin".  Un énorme bouquin qui nous invite à découvrir les coulisses du journal des jeunes de sept à 77 ans. Il est sous-titré : 1946-1988 et aborde donc toutes les années de parution jusqu'au dernier numéro.
Si l'on avait déjà pu acquérir il y a quelques années au moins deux ouvrages que l'on ne pourra s'empêcher de comparer, sur le même thème; les fameux "Le Lombard, un demi siècle d'aventure" (Jean-Louis Lechat, 2 tomes en 1996/97) déjà remaquettés et augmentés en 2006/2007, par Patrick Gaumer, en trois tomes sous le titre : " Le Lombard l'aventure sans fin 1946-2006", on est surpris par le nouvel angle et la pagination monstrueuse (777 pages) de cette nouvelle création éditoriale. 

Car si l'on retrouve en effet le travail original de Philippe Goddin sur l'aventure, année par année, du journal, (80 pages), on a par contre le plaisir de découvrir de nombreux inédits ou pages rares, comme le précise la notice de l'éditeur :

" Plus de 600 pages de bande dessinée composées des histoires complètes les plus belles, les plus rares ou les plus légendaires parues dans le journal. De nombreuses pages sont totalement inédites en album et trouvent ainsi une seconde vie après leur parution dans l'hebdomadaire. Des pages de Hergé, Jacobs, Tibet, Martin, Rosinski, Franquin, Cuvelier, Pratt, Derib, Cosey, Graton, Vandersteen, Macherot, Hermann, Greg, Van Hamme, Turk, Vance, De Groot, Dany, et de dizaines d'autres auteurs de légende sont réunies pour la première fois dans cet ouvrage unique.

 







Et Hergé y a bien sûr une place d'honneur : en début d'album plus de 70 pages évoquent sa collaboration au journal Tintin, que ce soit à travers les nombreuses couvertures réalisées ou ses multiples contributions aux différentes rubriques du journal", dont des publicités, et la première page fac similée de tous ses récits de Tintin ou Jo Zette et Jocko publiées à l'époque  dans le journal. (Ndlr) 





Bref, l'occasion, pour celles et ceux qui ne pourront se payer les excellents recueils "
Hergé, le feuilleton intégral"*, de couper la poire en deux et de s'offrir une part du rêve avec ce livre très intéressant,  pour un montant moins onéreux. 
Hergé, le feuilleton intégral, tome 11




(*) Ceux-ci proposent l'intégralité des récits originaux de Hergé parus dans la revue, avec leurs à côtés. (Deux tomes sur douze parus à ce jour, ed. Moulinsart, 80€ piece.)

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Analyses