samedi 12 juillet 2014

Miracleman : retour gagnant chez Panini



Miracleman T1 , Un rêve éthéré
MickAnglo, Alan Moore, et divers (Gary Leach, Alan Davis...)
Panini, Juin 2014

Annoncé à grand renfort de publicités dans les revues spécialisées BD, cet album cartonné semble être un incontournable. Qu'en est-il vraiment ?

Miracleman est un personnage créé en 1954 par Mick Anglo, en Angleterre pour Miller & son. Ses aventures en noir et blanc ont perduré jusqu'en 1963 et la déroute de son éditeur.
Il s'agit d'un homme : Mick Moran, l'équivalent de Captain marvel, qui gagne un pouvoir atomique auprès d'un sorcier. Pour se transformer en Marvel man (puis Miracle man, plus tard, pour sortir de l'ambiguité avec l'autre héros), il prononce le mot « Kimota » (Atomic à l'envers).
Il est rejoint pour ses aventures par le jeune Dicky Dauntless (Young Marvelman) et le jeune Johnny Bates (Kid Marvelman).

En 1982, une nouvelle revue de comics noir et blanc apparaît en Grande bretagne, intitulée : Warrior (chez Dez Skinn)
Marvel man reprend du service, relooké et dans des récits plus adultes, sous le dessin de Garry Leach pour l'essentiel, et Alan Moore pour les scénarios. Paul Newamn prête son visage au personnage, à qui on ne tarde pas (en 1985) de donner le nom de Miracleman. Entre temps, la licence a été rachetée par Eclipse comics (USA). Détail : Ces nouvelles aventures paraissent alors en couleur.

Neil Gaiman prend le relais de la série à partir du numéro 17 et la développe jusque dans les années 90, aux côté du dessinateur Mark Bukingham.


Delcourt publie le début de cette histoire en 1989.
L'édition de Delcourt de 1989

L'édition de Panini, recolorisée




















En 1996, Todd Mc Farlane (Spawn), rachète les droits à Eclipse, et réintroduit le personnage dans sa série Hellspawn, avec l'aide de Gaiman. Mais un différent au niveau des droits ne tarde pas à les opposer.
En 2009, Marvel acquiert les droits à son tour, et décide de publier une série d'albums, avec l'ensemble des auteurs ayant participé à la série. Un accord est trouvé avec Neil Gaiman, qui peut alors poursuivre ses épisodes.
C'est donc un premier volume de cette redécouverte qui nous est proposé par Panini.

...L'aspect historique, ou tout du moins patrimonial du personnage, en Angleterre et aux USA, explique le petit tapage médiatique. Mais ce n'est pas tout : s'il est intéressant de découvrir les origines du héros dans les premières pages du recueil (datées 1956), c'est surtout son relaunch en 1982, proposé en version recolorisée ici, qui impose le respect. Car si on reste bien dans un contexte de super-héros vu x fois (Captain marvel, Thor...), qui utilisent des pouvoirs à un moment de leur existence, la différence réside dans le détail que Mick Moran est un type pas très intéressant au quotidien. Il mène une vie relativement morne auprès de sa femme. Et surtout, il ne garde aucun souvenir de ses interventions en tant que super héros. C'est en tous cas le pitch de ce premier épisode, qui apporte une thématique psychologique de premier choix.
De plus, ses retrouvailles avec un de ses jeunes compagnons, perdu de vue depuis des années pour des raisons inconnues (mort?), apporte son lot de surprises et d'atmosphères dramatique, avec une scène de combat anthologique.

Il ne reste plus (4eme épisode) qu'à le faire douter complètement sur son existence (je ne dévoilerai pas tout ici), et on obtient un album particulièrement savoureux et... donc indispensable pour tout amateur de comics.
CQFD.
A lire, la chronique de MDCU, qui rajoute que les bonus sont un peu trop nombreux, eut égard au nombre de pages totales :

A lire et voir aussi : pas mal de planches de l'édition de 89 sur Artemusdada blog.

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mardi 1 juillet 2014

Rachel rising : un air des eighties sur fond horrifique

Rachel rising, T1 L'ombre de la mort
Terry Moore
Delcourt
Avril 2014

Terry Moore est un auteur américain connu pour deux séries principales : Strangers in paradise, débuté en 1994 et dont 18 tomes ont parus en France chez le petit éditeur Kyméra* et Écho.
Stp est une série privilégiant le noir et blanc, et mettant en scène deux demoiselles aux relations lesbiennes, avec un garçon fermant ce trio amoureux. Mais l'intrigue, à partir de ce constat d'une mini série au départ, va être ensuite développée dans une série complète assez complexe, aux accents politico-policiers. Une série culte, adulée comme haïe.
Echo, une série axée science-fiction a ensuite suivie, publiée cette fois chez Delcourt.

Rachel rising est son dernier projet, et celui-ci nous embarque dans un contexte et une ambiance horrifiques.
Notons que l'auteur a reçu un Eisner et un Harvey award pour ses créations.

" C'est l'aube, froide et blafarde. Rachel se réveille dans les bois. Elle s'extirpe d'une tombe creusée à même le sol, couverte de boue et de saleté. Elle rentre chez elle, mais repart à la recherche de sa meilleure amie, pour tirer au clair ce qui s'est passé la veille. Sauf qu'elle a un trou noir de trois jours. Et personne ne semble réellement la reconnaître. Fait-elle toujours partie des vivants ? "(4eme de couverture)

Rachel : Image issue de comicbookrevue.com © Terry Moore

Si les premières planches de Rachel rising pourraient faire penser à un film de zombie, on s'aperçoit assez vite que ce n'est pas de cela dont il s'agit. Rachel revient d'entre les morts, (comment pourrait-il être autrement, après avoir été étranglée et avoir séjourné trois jours sous terre ?), mais ne montre, à part quelques signes extérieurs particuliers (trace au coup, yeux injectés de sang , faculté de se régénérer suite aux blessures), aucun signe de revenant morbide tel qu'on a pu le voir dans les oeuvres classiques consacrées aux morts-vivants.
Rachel ne se souvient de rien, à part quelques bribes de flashs, retrouve ses amies qui ne la reconnaissent pas vraiment, puis chacun essaie de comprendre la situation, qui semble ne pas être isolée au cas de notre héroine.
C'est en cela que l'on rapprochera facilement Rachel rising de la série "Les revenants", du français Robin Campillo (2003), d'autant plus que le personnage principal s'appelait là aussi Rachel. Un clin d'oeil de Tony Moore au film ?

Autre œuvre similaire : Revival, chez le même éditeur, où un aspect démoniaque lié à ce genre de retour est abordé, par le biais de revenants aux intentions quelque peu béliqueuses, et d'un fantôme errant autour du village. Ce n'est pas tout à fait le cas ici, mais un ange de la mort rode néanmoins, et incite d'autres vivants à tuer autour d'eux, et à demi enterrer les corps au même endroit, avant leur retour.
Rachel, tante Johnny, et Jet.
Terrymooreart.com
Mais aussi étrange que cela puisse paraître, ce n'est pas tant le scénario, on l'a vu original, sans être tout à fait inédit, qui retient l'attention, mais le dessin de Terry Moore,  à l'encrage rond et agréable. Ses personnages féminins : Rachel, superbe blonde aux formes avantageuses, et sa copine Jet, jolie brunette qui joue quant à elle de la basse dans un groupe de jazz, forment le duo qui rappellera avec plaisir les amies de Love and rockets, la série indé culte 80's des Frères Hernandez.
Une filiation bienvenue, qui n'est que rarement citée dans les articles sur l'auteur, mais qui peut sauter aux yeux, malgré la volonté de ce dernier de nous embarquer dans l'horrifique.
Le social reste donc très présent dans ce nouveau comics, et on se demande comment Terry Moore va jongler avec ces deux aspects de son œuvre.
Une lecture très agréable et au suspens bien présent.



(*) Deux tomes ont d'abord été édités par le Téméraire en 1999, puis Bulle dog a présenté la suite via 7 tomes de 2003 à 2005, et enfin Kymera a pris le flambeau en assurant la rééditons de ces sept tomes plus la suite et fin.

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Analyses