mercredi 13 juillet 2016

Harrow county : dans la peau d'une sorcière

Harrow county, t1 : spectres innombrables
Cullen Bunn, Tyler Crook
Glénat comics
Juin 2016

D'abord, la couverture : superbe, réalisée sous une maquette à l'ancienne, façon affiche du XIXème siècle américain, et présentant une malle d'où essaie de s'extraire une peau humaine en forme de bras. Suffisamment horrifique et intrigante pour que l'on ai envie d'en savoir plus.

P3. ©Cullen Bunn/Tyler Crook/Glénatcomics


Ensuite l'intérieur, avec une scène d'ouverture très violente, où une sorcière, dans ce qui semble être les années trente aux USA, se fait lyncher par une bande de culs terreux. Le très sale quart d'heure qu'elle passe ne pourra, on se dit, que présager du pire pour ces fermiers. Car Hester Beck est effectivement une sorcière, sauf que, comme la plupart des vraies sorcières qui ont pu, si l'on croit un peu les légendes populaires, agir parfois de mauvaise manière, elle a aussi surtout fait profiter son entourage de soins efficaces grâce a ses dons de guérisseuse. Mais voilà, la différence n'est jamais bien acceptée, et on arrive parfois a être plus cruel que son soit-disant persécuteur...


P7. ©Cullen Bunn/Tyler Crook/Glénatcomics
Si Cullen Bunn nous entraîne encore, après Sixth gun, dans un registre de sorcellerie, c'est davantage à une approche contée qu'il nous convie, qu'a un récit d'horreur terrifique fait de monstres sanguinaires. La jeune Emma, que l'on nous présente comme la renaissance de Hester, n'a en effet pas conscience tout d'abord de sa condition particulière, et l'auteur nous présente l'histoire de son point de vue de jeune fille innocente. Elle qui vit seule auprès de son gentil Père n'a d'autres occupations que l'aide à la ferme, et les rêveries aux fonds des bois environnants. Le trait et les couleurs de Tyler Crook, doux et très naïfs, sur un bon nombre de scènes, font penser à un dessin pour album jeunesse, et rajoute à cette sensation. Tout comme celui de Jill Thompson dans Beast of burden, qui vient à l'esprit. Mais l'arrivée d'un jeune garçon écorché, au sens propre, (un esprit protecteur), va faire quelque peu basculer le ton, et rajouter de la couleur sang à l'intrigue, de la profondeur et de l'action au récit.

Quatre premiers épisodes haletants, à l'originalité forte, à classer auprès des meilleurs contes de sorcières déjà existants, tout près de Rachel rising. On attend la suite !

Voir la fiche de l'album et d'autres planches sur le site Glénatcomics.

Nb : 18 pages de bonus (croquis avec commentaires, couvertures, dessins couleurs) sont ajoutées en fin de volume.)

235

mardi 5 juillet 2016

Bliss comics relance Valiant et Abram Adams ...aux delà des étoiles ?

Divinity
Matt Kindt/Trevor Hairsine
Bliss comics/Valiant
Juin 2016

On a parlé ici même fin 2013 du relaunch de l’éditeur américain Valiant, par le biais d’un programme de publications françaises Panini. Avaient alors été lancés en rayon : Harbinger, XO manhowar, Bloodshot et Archer & Armstrong. Des sorties alternatives aux comics mainstream, proposées avec un prix de lancement de 10 € et dont quelques tomes ont paru. Mais 3 ans plus tard, Panini jette l’éponge, faute de succès suffisant, retirant les titres de son catalogue.

Surgit alors une nouvelle maison d’édition bordelaise courageuse : Bliss comics, qui se met en tête de renouveler l’expérience. Les titres des séries déjà parues, ainsi que leurs conclusion, seront dorénavant disponibles sous format numérique uniquement*, tandis que d’autres sortent en version papier. Il s’agit de : Bloodshot reborn, The Valiant, Quantum & Woody, et… Divinity. 


Deux autres nouveaux titres au catalogue, 
à petit prix jusqu'à fin Août.
1941, Russie : Abram Adams est un enfant noir abandonné à la naissance devant le perron du ministre des affaires étrangères, puis, élevé par celui-ci, avant de devenir pupille de l’état. Devenu un adulte très doué pour les sciences, et en condition physique optimale, il est choisi par sa hiérarchie pour vivre un expérience unique et extraordinaire. La guerre froide fait en effet rage et la course spatiale est engagée. Les russes veulent frapper un grand coup en lançant un vol habité vers les confins de l’univers. Abram part pour un voyage sans retour.. et ce qu’il va vivre dépasse l’entendement… 

Une superbe double planche
©Kindt/Hairsine/Blisscomics

Si Divinity nous plonge dés les premières pages dans un pur récit de science-fiction assez ambitieux, il bifurque tout aussi rapidement vers une zone onirique, voire psychédélique, puisqu’il aborde le sujet du voyage dans les multi dimensions, où les sens humains sont dénués de repères. C’est l’apanage de la thématique semble t’il, et on pense très fortement au superbe film de Christopher Nolan : Interstellar. Cela est plutôt bien rendu avec les scènes de rencontre entre Adams et sa famille, ou d’autres où ses capacités cognitives lui permettent de transformer la réalité.. mais la venue de super-héros de « l’écurie » Valiant : Manhowar, Ninjalk, Livewire, Gilat le guerrier éternel, envoyés par le MI6, s’inquiétant de l’infinité des pouvoirs de ce super humain traversant le temps fait retomber un peu le soufflet du gâteau, redonnant un aspect beaucoup plus classique à l’ensemble. Néanmoins, le thème de l’humain devenu demi-dieu malgré lui, perdu face au temps et à ‘espace reste un élément intriguant, délivrant quelques questions philosophiques intéressantes. 
Celles-ci ne sont malheureusement pas complètement originales et ont déjà été abordées dans quelques comics, comme : « A god somewhere » de Arcudi et Snejbjerg, (2011 Panini) ou « The Cape » (Joe Hill/Zach Howard, Urban 2012) pour n’en citer que deux.
Le scénario est ceci dit plutôt bien ficelé, la mise en page et les dessins de Trevor Hairsine agréables, et les couvertures peintes de Jelena Kevin Djurkjevic magnifiques.


Un cahier de 24 pages en fin de volume présente des conceptions, croquis, couvertures variantes. On l’aurait cependant préféré un peu moins long et pouvoir obtenir en échange le cinquième épisode.  Tant pis, on patientera, puisque la suite est annoncée. Souhaitons longue vie en tous cas à Bliss comics pour pouvoir la (les) lire.

Voir le site de Bliss comics
(*) Dont Unity, dessiné par l'excellant Doug Braithwaite (Storm dogs chez Delcourt) (Non représenté ici)
Extrait du catalogue numérique
234

Analyses