samedi 23 avril 2016

Quand t'es dans le désert, avec une tête de cheval mort... Loo Hui Phang et Peeters détonnent.

L’odeur des garçons affamés
Loo Hui Phang/Frederic Peeters
Casterman
Mars 2014

Frederic Peeters fait partie de ces quelques auteurs, au fort potentiel artistique personnel, dont on peut quasiment acheter toutes les productions les yeux fermés. Ici, il n’exécute que le dessin, mais de superbe manière comme à son habitude, en illustrant le récit imaginé par Loo Hui Phang, une auteure ayant déjà pas mal publié chez Atrabile ou Futuropolis, mais dont je n’avais malheureusement personnellement gouté aucun des albums.

Nous sommes en 1872, dans le désert du Texas. Oscar Forrest, photographe de son état, fait équipe avec Mr Sommerset, un géologue dont la mission est de répertorier les gisements, les tribus autochtones, les reliefs; en vue de l’invasion blanche à venir dans ces terres reculées, tel qu’il l’écrit, avec un certain cynisme naturel,  sur les schémas qu’il dessine : « Notes pour un monde parfait ».  Tous deux sont accompagnés par Milton, un jeune garçon blond, homme à tout faire du voyage.
Mais tandis que chacun vaque à ses taches, et qu’une drôle de relation s’établit entre Oscar et Milton, un homme au visage monstrueux les suit et les observe à distance. Un indien un peu mystique les épie aussi, mais sans se cacher.
Cependant, au gré de cette situation assez encline au fantastique, on apprend par flash back le passé peu glorieux de Oscar et les relations qui lient les uns et les autres…tandis que l’ouest sauvage et chamanique va envelopper peu à peu l’ensemble des protagonistes.

©Frederic PeetersTumblr

L’odeur des garçons affamés ne plaira pas à tous les lecteurs. S’il s’agit d’un western dans sa définition géographique et historique, il propose d’abord une ambiance, très cinématographique d'ailleurs.* Les relations sociales qui sous tendent tout le récit sont suffisamment intéressantes, et le suspens du récit assez fort, pour créer de l’attrait. Mais l’aspect chamanique, amené, à la fois par le chef indien (Crazy horse ?), et le don de Milton sur les chevaux sauvages peaufine le tout. L’ambiance fantastique des décors, la présence fantomatique de Stingley, le cow-boy « vampirique » tout comme celle des étranges clichés d’oscar sont autant de points supplémentaires qui offrent à cette histoire un charme subtil, dont la fin « ouverte » n’est qu’un des aspects étranges.
C’est pourquoi, si vous recherchez une histoire classique avec indiens, cow-boys et saloons, vous risquez d’être déçus.
Pour les autres, comme moi, vous ressortirez de cet album avec le sentiment de tenir là un album déjà culte, au charme indéniable. Et je réserve mon jugement pour ne rien trop dévoiler des autres tenants.
...Mais où la scénariste a t’elle été chercher un tel sujet ?

Bravo pour l’originalité.


Nb : une édition grand format (ci à droite), bichromie avec une couverture différente (et jaquette) a été éditée à 2200 ex. (144 pages.)

(*) Façon un Homme nommé cheval, ...ou Missouri breaks.. c'est à dire des films étranges, aux ambiances très particulières, ou le fantastique est omniprésent.

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