jeudi 28 octobre 2010

Bas de cuir, scalpes et mocassins : un Cromwell en grande forme

Le Dernier des Mohicans
Cromwell/Catmalou/J Fenimore Cooper
Noctambule/Soleil 2010

Cromwell, que les plus anciens d'entre nous ont connu dans les années quatre vingt avec son Bal de la sueur très punk (dans le look) puisque le héros portait déjà un crête énorme, avait défrayé la chronique bédéphile grâce à un récit d'aventure en deux tomes moites et poussés à cent à l'heure, sorte de mix entre Bernard Prince (Amazonie), et Peter pank. (Le second tome était d'ailleurs sobrement intitulé "Aaaargl").
Son dessin était très intéressant et la suite du studio Asylum (voir ce nom sur : blogsudouest), dont il faisait parti a produit quelques albums déjantés des années 90.

Cette adaptation du célèbre roman de James Fenimore Cooper se déroulant en 1757 et paru à l'époque en 1826 est la troisième du genre, après celle de Victor de la Fuente (1979) et celle de Ramaioli, en six tomes complets de la série "Bas de cuir" de l'auteur original. (paru entre 1995 et 2001)
> Voir cette série.

Sur 100 pages, Cromwell, avec l'aide de Catmalou au scénario développe une nouvelle technique graphique plus proche du métier de l'illustration que du dessin classique en bande dessinée. Et on ne lui reprochera pas. Chaque case, petite ou pleine page est un vrai tableau, et la matière : peinture ou crayon gras se fixe en relief sur les planches à la manière des grands maîtres.

Le récit original, classique quoi qu'un peu pompeux aujourdhui a cependant le mérite d'une belle histoire et beaucoup de poésie intrinsèque.. et les quelques textes ou citations d'autres auteurs parsemant le récit sur cette édition n'amènent pas grand chose de plus. Par contre l'idée d'avoir laissé du texte original sur des pages, en renfort des dialogues (intelligemment insérés via des simples fils, sans bulles) apporte un supplément indispensable à ce que l'on pouvait attendre d'une adaptation "sérieuse". Le scénario de Catmalou et ses libertés (comme le fil conducteur du cadavre qui flotte tout le long pour arriver au final sur le lieu de la tragédie) sont aussi tout à fait remarquables, du fait qu'ils offrent une vision un peu plus "moderne" au récit d'époque... Il faut du talent pour ça.

Aussi, cet album est un très bel album, (l'un des meilleurs de l'année 2010 d'après l'ACBD d'ailleurs et de nombreux autres listings) et il est à conseiller à tous les amateurs de Eastern (western de l'Est, puisque l'on est là dans la guerre de sept ans entre français et anglais vers l'état de New York), et aux amateurs de belles choses.

A noter qu'on pourra évidemment se reporter aussi aux aventures précédemment illustrées sur un thème très proche et dessinées ou scénarisées par Hugo Pratt, à savoir celles de Kris Kenton dans "Fort Wheeling"; Billy James, ou Un été indien.

La page 88 (chapitre 11) reproduite ci-à côté (femme courant avec fusil) est d'ailleurs un bel hommage de Cromwell au maître italien, que Manara avait lui aussi déjà dessiné. (cf. p.19 de "Billy James", Pratt) et p. 186 de "Un été indien" Pratt/Manara.)

Pour aller plus loin :
La page wiki sur James Fenimore Cooper

et celle sur la tribu des Mohicans

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