Le sentier des reines
Anthony Pastor Casterman
Octobre 2015
Anthony Pastor fait partie de ces français qu'on jurerait être Americain et publier chez Fantagraphics. Mais il n'en est rien, et si son style très comics indépendant, aux formes arrondies un peu déformées et au scénarios très personnels lui a valu d'être publié chez Acte sud et l'An 2, il offre aujourd'hui avec ce Sentier des reines un album beaucoup plus réaliste, beaucoup plus français aussi, pourrait on dire, tant par le sujet que par le traitement graphique.
Juste après la fin de la première guerre mondiale, en Savoie, dans le village de montagne de Traversoye... Blanca, femme déjà âgée mais énergique, et Pauline, sa bru, ayant perdu toutes deux leurs hommes dans une avalanche, regroupent leurs affaires de mercerie, et, accompagnées du jeune Florentin, décident de rompre avec leur village, où plus rien ne les retient, afin d'aller tenter leur chance dans la vallée. Mais un type un peu louche, prétendument un compagnon de guerre du mari de Blanca, s'échine à les suivre, coûte que coûte dans leur périple, afin de s'emparer d'un soit disant trésor caché par son coéquipier de tranchées dans leurs affaires...
La Savoie au début du siècle dernier, la neige, la montagne, le poids des traditions...et du patriarcat alors... La force des femmes, qui assumaient parfois davantage que les hommes, et dont l'énergie et la motivation sans limite est ici mise en exergue, sont autant de thèmes que déroule l'auteur, dans un contexte de conflit tout juste clôt, avec ses diverses blessures, physiques, mentales, et sociales associées. (Ce sentier des reines pourrait être leur "chemin des dames").
C'est justement d'une blessure à la main qu'est affublé Arpin, le drôle de gus qui ne lâche pas l'etrange troupe : Un doigt en moins, un dos en compote, de la tremblote, et un peu d'asthme, à cause des gazes, rien qui ne lui a donné droit à une reconnaissance d'infirmité, qui aurait pu lui valoir une quelconque pension. C'est bien pour cela qu'il s'accroche comme un beau diable, à en perdre la raison, même si la belle Pauline lui donne une autre raison à cet égard.
Anthony Pastor Casterman
Octobre 2015
Anthony Pastor fait partie de ces français qu'on jurerait être Americain et publier chez Fantagraphics. Mais il n'en est rien, et si son style très comics indépendant, aux formes arrondies un peu déformées et au scénarios très personnels lui a valu d'être publié chez Acte sud et l'An 2, il offre aujourd'hui avec ce Sentier des reines un album beaucoup plus réaliste, beaucoup plus français aussi, pourrait on dire, tant par le sujet que par le traitement graphique.
Blanca et Pauline ©Anthony Pastor/Castreman |
Juste après la fin de la première guerre mondiale, en Savoie, dans le village de montagne de Traversoye... Blanca, femme déjà âgée mais énergique, et Pauline, sa bru, ayant perdu toutes deux leurs hommes dans une avalanche, regroupent leurs affaires de mercerie, et, accompagnées du jeune Florentin, décident de rompre avec leur village, où plus rien ne les retient, afin d'aller tenter leur chance dans la vallée. Mais un type un peu louche, prétendument un compagnon de guerre du mari de Blanca, s'échine à les suivre, coûte que coûte dans leur périple, afin de s'emparer d'un soit disant trésor caché par son coéquipier de tranchées dans leurs affaires...
La Savoie au début du siècle dernier, la neige, la montagne, le poids des traditions...et du patriarcat alors... La force des femmes, qui assumaient parfois davantage que les hommes, et dont l'énergie et la motivation sans limite est ici mise en exergue, sont autant de thèmes que déroule l'auteur, dans un contexte de conflit tout juste clôt, avec ses diverses blessures, physiques, mentales, et sociales associées. (Ce sentier des reines pourrait être leur "chemin des dames").
C'est justement d'une blessure à la main qu'est affublé Arpin, le drôle de gus qui ne lâche pas l'etrange troupe : Un doigt en moins, un dos en compote, de la tremblote, et un peu d'asthme, à cause des gazes, rien qui ne lui a donné droit à une reconnaissance d'infirmité, qui aurait pu lui valoir une quelconque pension. C'est bien pour cela qu'il s'accroche comme un beau diable, à en perdre la raison, même si la belle Pauline lui donne une autre raison à cet égard.
Toute une ambiance... ©Pastor Anthony/casterman |
Pourquoi ces femmes traversent-elles la montagne et prennent-elles tout ces risques ? Parce qu'elles sont issues d'une autre tradition: celle des colporteurs, qui vendaient de vallons en vallons leur mercerie dans les villages. Le film la Trace, de Bernard Favre,avec Richard Berry, l'avait compté en 1983. Et cet hommage est développé en fin d'album, avec 6 pages de croquis et documents d'époque, donnant à percevoir la réalité presque oubliée de ces métiers d'antan et leur contexte historique. Mais au bout du chemin, un nouvel espoir est cependant permis.
Il s'agit donc d'un cadre historique bien planté, où l'on découvrira aussi d'ailleurs les conducteurs de barges à bois cheminant de l'Yonne jusqu'à la Seine, ainsi que les premiers pas de l'émancipation féminine. Mais l'auteur développe ceci dit une histoire d'aventure extrêmement bien ficelée, à la limite du polar et du fantastique. Les éléments du départ, mettant en scène une nature sauvage et un Personnage un peu mystérieux participant à cette impression. Le trait du dessin a pour le coup aussi changé, empruntant à un autre auteur ayant traité de traditions et de fantastique : Jean Claude Servais. (Cf La Tchalette par exemple.)
Anthony Pastor offre un écrin scénaristique et graphique à la Savoie, et il est fort à parier que ce superbe album de 120 pages, aux couleurs douces et à l'ambiance très particulière, ravira les amateurs de beaux livres, et d'histoire.
Une très belle réussite, chaleureusement recommandée à l'occasion des fêtes.
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