jeudi 21 avril 2011

Dernier jours pour saisir ce comics !!

Last days of American crime T1 à T3
Rick Remender/Greg Tocchini
Couvertures : Alex Maleev
Emmanuel Proust, 2010
50 p pour chaque volume, + 14 pages de bonus


Ce polar moderne américain sous forme de trilogie est la nouvelle tendance comics de l'éditeur Emmanuel Proust, dans sa collection Atmosphère.
Trois petits formats nerveux, aux pages très graphiques réalisées à la peinture par l'artiste Greg Tocchini, sur un scénario de Rick Remender, et dont la maquette rappellera aux plus anciens celle des éditions Téméraire. Un comics édité à l'origine chez l'indépendant Radical comics.

Nous sommes dans un futur proche et Last days commence ave un constat de départ étonnant : toutes les liquidités vont être stoppées dans le monde, et remplacées par des transactions cryptées bancaires. De plus, une découverte révolutionnaire va être mise en pratique : une onde globale agissant sur le cerveau humain (l'IPA : "Initiative de Paix Américaine"), et qui est censée inhiler toute véléhité criminelle. Cela doit sonner le glas des agressions.

Le Washington post vient d'annoncer la date de cette révolution, lançant le départ d'u chaos systématique dans les rues. Mais... Graham Bricke, l'anti héros de l'histoire, a découvert une faille dans ce système. Il s'apprète à effectuer le dernier casse du siècle avant l'heure fatidique. Pour cela, ll s'associe à deux personnages plutôt douteux : le jeune et arrogant Kevin Cash, hacker de génie, et la sulfureuse Shelby Dupree.

...Suspense, sexe, violence, action... tout est présent pour donner à ce comics les atmosphères lourdes et radicales (tiens ?) d'un vrai film d'action. En comics, on pense à ce qui se fait de mieux dans le genre, quant au cinéma, les scènes de torture de règlements de compte entre bandes rivales (ce comics est à ne pas mettre entre toutes les mains), font sans effort penser à Scarface, tandis que celles du casse nous régalent des meilleurs références du genre.

La précision chirurgicale dont fait montre le scénariste dans son découpage est impressionnante et on notera plus particulièrement la scène de poursuite musclée en voiture des pages 44-45 du deuxième tome ainsi que l'arrivée foudroyante et l'accident devant la banque du troisième tome (p. 26-27). Alors que la première chute (il y en a plusieurs) pages 40 à 43 de ce même opus offre une situation savoureuse, où la psychologie des personnages est plus que jamais mise en exergue.
C'est d'ailleurs un point fort de ce tryptique, et de son scénariste Rick remender, qui nous gratifie tout au long de ce récit d'action de dialogues à l'écriture précieuse.

Nul doute que cette "grenade" dégoupillée devrait atteindre sa cible auprès des amateurs de thrillers indépendants US. Une adaptation cinéma est aussi déjà en cours.

> Le site des éditions Emmanuel Proust, collection Atmosphère.

dimanche 17 avril 2011

Des épées et des femmes...

Les Epées de verre, T1 Yama et T2 Ilango
Sylviane Corgiat/Laura Zucchero
Humanoides associés 2010/2011

56 p. et 48 p.

Cette nouvelle série d'Heroic fantasy a tout pour séduire : de très belles couvertures et un titre suffisamment intriguant pour donner envie, mais aussi un trait agréable et des couleurs magnifiques.

Les deux auteurs sont deux auteures, et ...2 femmes en bande dessinée, cela n'est pas suffisamment courant pour ne pas être remarqué. On va voir que cela n'est pas un gadget et que le scénario de cette série en devenir possède quelques atouts et originalités qui en font une titre à suivre de près.

Le premier tome commençait de manière classique pourrait-on dire dans le genre qui nous intéresse, dans un village de paysans soumis à l'impôt injuste d'une caste de guerriers. Une nuit, un orage fantastique déchire le ciel et plante à quatre endroits distinct de la terre quatre épées magiques. Dans ce village, une de celles-ci se fiche dans un rocher à l'écart. Venus pour la collecte, ces guerriers portant tenues rappelant celles de samouraïs, tentent de l'extraire et meurent, instantanément changés en verre tandis que la jeune Yama, petite villageoise intriguée, réussit elle à s'emparer de l'arme magique.
Poursuivie, elle s'enfuie, laissant son père se sacrifier, tandis que sa mère est enlevée par Orland, le chef de la troupe guerrière.
Yama sera recueillie par Miklos, ancien général de l'armé auprès d'Orland, qui a décidé de vivre en ermite après un drame commun. Il l'élève en en faisant une combattante.
Le ton de ce premier opus, se déroulant en grande partie en extérieur et en forêts, avec beaucoup de ton verre, comme sa couverture, pouvait faire penser à l'incontournable "Quête de l'oiseau du temps". Tandis que la modernité du propos et le dessin tout en finesse peuvent rappeler le superbe (mais inachevé) : "Les Hérésiraques" de Das Pastoras, chez le même éditeur.

Dans la suite parue en Mars 2011, les auteures nous invitent à intégrer la superbe cité fortifiée de Karelane. Celle-ci est bâtie au dessus d'un faubourg poisseux, que les inondations ont détruit à maintes reprises. On retrouve derrière les hautes murailles la caste des guerriers, au ordres du seigneur Abimelec, qui a réduit la population en esclavage afin de l'aider à construire un barrage qui protégerait la citée.
Yama et Miklos arrivent afin d'y dénicher Orland...

Ce second tome nous immerge dés la première case dans des couleurs beaucoup plus pastel et ocre jaune/brun clair, celles des murs de Karelane.
On suit les déambulations des nombreux habitants, et assistons impuissant à leurs déboires auprès des féroces guerriers. L'architecture de la ville est splendide, et rappelle de nombreux films ou récits.
Ce changement d'atmosphère est bienvenue et apporte un rebondissement agréable à l'aventure.
On va retrouver la mère de Yama, Orland, et découvrir un nouveau personnage central : Ilango.
Mais ce qui surprend le plus, c'est la capacité des scénariste et dessinateur, femmes, donc, à représenter et dire les relations familiales, que ce soient celles d'une mère à son enfant, d'une femme à son amant/mari, et d'une fille/fils à son père. Certains aspect de la tragédie initiale ne sont pas d'ailleurs sans rappeler l'univers d'un Jodorowski avec sa série "Castaka", par ...Das Pastoras, (là encore inachevée. C'est un dessinateur maudit en France !...)

Les combats ne sont par contre pas légions et pour ma part j'en remercie les responsables, qui ont décidé de nous offrir autre chose de plus intéressant et poétique. Ceci étant davantage du ressort d'une culture japonaise oserais-je dire.. puisqu'en dehors de la référence culturelle aux samouraïs, on notera des similitudes de tonalité avec certains films Ghibli, comme par exemple "Les contes de Terremer" de Goro Miyazaki.

De belles références quoi qu'il en soit, qui prouvent une fois encore que les Humanoides associés savent dénicher de réels talents.
Ne reste plus qu'à espérer que cette nouvelle série, qui est vraiment à mettre entre toutes les mains, arrive au bout de son parcours !

Analyses