mercredi 25 mars 2015

Princesse Ugg : Ted Naifeh nous embarque dans le Poudlard de Conan.


Princesse Ugg
Ted Naifeh

Akileos
Fevrier 2015

Ted Naifeh, auteur américain édité par la petite maison indépendante Oni press a été révélé avec sa série noir et  blanc gothique : Courtney Crumrin. Déjà 7 albums  et une patte personnelle bien installée en France grâce aux éditions Akileos.
...Le voilà de retour avec une nouvelle série actuellement en cours aux USA.
Ted Naifeh à la Comic con en Juillet 2014
...Qu'elle est mignonne la petite Ulga, avec son petit  chapeau en peau, préparé par sa maman, la superbe reine du nord aux cheveux roux O'grimmeria Ulga. Elle s'apprête a rejoindre Atraesca, cité état, pour suivre un enseignement de bonnes manières pour princesses.
Mais comment une sauvageonne maniant hache et lance, et montant un mammouth pourrait s'incorporer aux autres demoiselles issues de bonnes familles ?

Lancé des la première planche dans un univers d'Héroic fantasy a la Conan, on est vite ramené vers ce qui  pourrait faire penser à un mix entre Harry Potter (l’école où l'on va suive les enseignements, avec la vie au quotidien), et une sorte de Game of thrones où il va être question de déjouer les pièges tendus par la vie en société dans une cité fortifiée. A cet égard, et dans la deuxième partie, après avoir fait connaissance avec la plupart des personnages principaux : autres princesses, enseignants, principale... Ulga se lie malgré elle avec le professeur d'histoire, le seul qui essaie de la  comprendre, et qui va lui proposer son aide.  L'idée  :  moins agir avec son instinct guerrier, et apprendre la diplomatie.
Tout un programme. ..

Une bien belle princesse sous la fourrure...
©Ted Naifeh/Oni press. p.44

Princesse Ugg offre, dans un style plutôt cartonny, un très agréable divertissement, aux couleurs chatoyantes réalisées par l'auteur, dans un récit combinant humour et action des plus plaisants. Le petit format comics proposé par l’éditeur et son cartonnage luxueux ajoutent aux atouts d'un album dont on attend la suite avec impatience. 12 pages de couvertures  agrémentent  ce premier volume regroupant les quatre premiers  comics parus en 2014. 


>A lire dans le même genre de dessin et de coloris : Bêtes de somme. 

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dimanche 22 mars 2015

Trois frères.. trois fruits : Zidrou et Oriol nous baladent en bande dessinée dans un conte sublime.

Les trois fruits
Oriol et Zidrou
Dargaud Janvier 2015

D'abord attiré par la magnifique couverture turquoise de cet album grand format, j'ai ensuite apprécié les pages peintes exceptionnelles d'Oriol, jeune dessinateur espagnol, déjà révélé sur un scénario de Zidrou en 2012 avec le remarqué : "La peau de l'Ours" (même éditeur.)
Mais comment ne pas rester coi devant ce récit terrible, superbement écrit et réalisé ?

Dans ce conte utilisant les principes fondamentaux du genre*, l'auteur nous plonge dans l'histoire d'un royaume moyenâgeux, où un roi, voyant sa mort naturelle venir, mais la redoutant, fait appel en désespoir de cause à un mage qui va lui promettre la vie éternelle.
Celui-ci y pose cependant deux conditions : le roi devra établir la vaillance des ses trois fils, en les lançant chacun dans une quête dangereuse (perdue d'avance ?), et manger la chair du plus vaillant. Quant à lui, il aura alors le droit d'épouser sa fille, restée au château.

Là où un conte ordinaire nous aurait emmené, suite à la quête des trois preux chevaliers, vers un dénouement plutôt classique rapide (cf les pourtant déjà très bons : Azur et Asmar, les Cinq conteurs de Bagdad, (compléter selon vos souvenirs…), Zidrou ne s'arrête pas là où le récit pourrait nous laisser : c'est à dire au moment où le roi va marier sa fille…
Non, l'auteur renverse la situation, permet aux différents fils qui ont été tissés dans le récit de se démêler, et explore une fin "inédite", qui apporte sont lot de rebondissements scénaristiques. On est alors heureux de constater qu'il nous reste une vingtaine de pages encore pour déguster cet apport vraiment très merveilleux à ce conte, très marqué par la magie sombre des frères Grimm.
Et lorsque tout semble enfin fini… là encore, un volte face fait rebondir le récit.

L'album Les trois fruits porte en lui toutes les qualités du conte merveilleux, et apporte en sus une originalité de scénario incroyable.
Du grand art, servit par l'esthétisme magique d'Oriol, dessinateur au talent remarquable, rendant cet ouvrage incontournable.

A lire, un autre beau conte déjà chroniqué ici : http://nebular-store.blogspot.fr/2014/02/le-chevalier-double-les-tres-riches.html


(*) A savoir que "Les contes merveilleux partent toujours de ce postulat de base : le royaume est dans une situation d'impuissance, de faiblesse et de décadence. Quelque chose manque (…) Le roi formule alors une demande de restauration : un remède, une nouvelle épouse, un enfant, du gibier.
A cette demande, le héros va ajouter son adhésion entière et authentique, et la mène à bien avec courage et bravoure. Il va en faire une quête. Mais cette quête est toujours impossible.(…) Cette adhésion infinie est la clé du changement, car c'est à cet infini de l'adhésion que le monde infini des possibles, correspondant à la troisième fonction, celle de la fée, va apporter son secours".

(Citation extraite de : Edouard Brasey, Jean-Pascal Debailleul, "Vivre la magie des contes", Albin Michel, 2 janv. 1998)

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mercredi 11 mars 2015

Trish Trash : Get ready to the derby, avec Jessica Abel !

Trish trash, Rollergirl sur Mars 1/3
Jessica Abel
Dargaud, Janvier 2015

Retrouver Jessica Abel est un plaisir, elle dont on avait adoré chez le même éditeur Ouvert la nuit (récit d'adolescents vampires paumés dans une petite bourgade US), et surtout La Perdida, chez Delcourt.
Ici, elle assure à la fois le scénario et le dessin pour une incursion en triptyque dans le genre de la science-fiction.
Ce livre a bénéficié du soutien du Centre international de la Bande dessinée à l'occasion d'une résidence de l'auteur à Angoulême.


Mars, après 2110 (*), la planète rouge est terraformée et colonisée depuis déjà quelques années. Les humains nés ici (les Martiates) travaillent pour une cité peu reluisante, et Trix est une jeune femme métisse qui récolte de l'eau dans les champs désertiques de la planète rouge, comme de nombreux autres "fermiers hydroponiques". Mais sa passion, le Hooverderby, sorte de roller sur piste avec contact, se jouant en équipe, la pousse à intégrer les nouvelles sélections.
Elle est finalement retenue, mais la concurrence rude avec la leader en place des Novas, l'équipe phare (Hanna Barbarian), la relègue au rang de simple technicienne.

Un soir, alors qu'elle s'isole dans le désert, non loin de sa ferme, elle tombe nez à nez avec une "bestiole", martien natif non humain, mal en point, qui s'écroule à ses pieds. Trix décide de la recueillir.. et la cache chez ses parents...

Gif tiré du site de l'auteur : http://jessicaabel.com/

Quelle idée de génie que ce derby de roller sur Mars !
Jessica Abel
fait tout toute seule : (à part les couleurs assurées par Walter), et on est conquis par ce synopsis déjà original.
La science-fiction en bande dessinée n'a encore pas tout abordé et, lire un récit de cette richesse, mêlant passion sportive, préoccupations géo politiques, sociales, et suspens, le tout mixé dans un zeste d'aventure est fascinant.
Le trait et l'encrage de l'auteure rappellera quelque peu ceux d'un certain Frederik Peeters, et on se prendrait d'ailleurs à vouloir comparer son dernier travail sur "Aama" avec Trish Trash : couleurs très agréables, (réalisées à l'ordinateur), fluidité et sensualité des mouvements et des silhouettes (dont la plupart féminines)..
Est-ce la résidence à Angoulême qui a autant "européanisé" notre américaine ?

Non, car en vérité, elle possédait déjà cette touche personnelle et typique des récits dits "indépendants" là-bas, dont on ressent les similitudes avec notre propre culture.  Mais ceci-dit, Jessica a quand-même vécu depuis 2012 avec son mari et ses deux enfants à Angoulême, ce qui s'est traduit par la publication directe en français de l'ouvrage ! Belle leçon "d'intégration" :-)

Toujours est il que ce Trish Trash : rollergirl sur Mars est une très jolie surprise, dont on attend la suite avec impatience.



(*) 8 pages en fin de volume donnent quelques éclaircissements utiles sur le Hooverderby, les Radiocombi(naisons), le débat sur l'accession à la propriété (sur Mars), et les Martiens natifs.



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Analyses