Les trois fruits
Oriol et Zidrou
Dargaud Janvier 2015
D'abord attiré par la magnifique couverture turquoise de cet album grand format, j'ai ensuite apprécié les pages peintes exceptionnelles d'Oriol, jeune dessinateur espagnol, déjà révélé sur un scénario de Zidrou en 2012 avec le remarqué : "La peau de l'Ours" (même éditeur.)
Mais comment ne pas rester coi devant ce récit terrible, superbement écrit et réalisé ?
Dans ce conte utilisant les principes fondamentaux du genre*, l'auteur nous plonge dans l'histoire d'un royaume moyenâgeux, où un roi, voyant sa mort naturelle venir, mais la redoutant, fait appel en désespoir de cause à un mage qui va lui promettre la vie éternelle.
Celui-ci y pose cependant deux conditions : le roi devra établir la vaillance des ses trois fils, en les lançant chacun dans une quête dangereuse (perdue d'avance ?), et manger la chair du plus vaillant. Quant à lui, il aura alors le droit d'épouser sa fille, restée au château.
Là où un conte ordinaire nous aurait emmené, suite à la quête des trois preux chevaliers, vers un dénouement plutôt classique rapide (cf les pourtant déjà très bons : Azur et Asmar, les Cinq conteurs de Bagdad, (compléter selon vos souvenirs…), Zidrou ne s'arrête pas là où le récit pourrait nous laisser : c'est à dire au moment où le roi va marier sa fille…
Non, l'auteur renverse la situation, permet aux différents fils qui ont été tissés dans le récit de se démêler, et explore une fin "inédite", qui apporte sont lot de rebondissements scénaristiques. On est alors heureux de constater qu'il nous reste une vingtaine de pages encore pour déguster cet apport vraiment très merveilleux à ce conte, très marqué par la magie sombre des frères Grimm.
Et lorsque tout semble enfin fini… là encore, un volte face fait rebondir le récit.
L'album Les trois fruits porte en lui toutes les qualités du conte merveilleux, et apporte en sus une originalité de scénario incroyable.
Du grand art, servit par l'esthétisme magique d'Oriol, dessinateur au talent remarquable, rendant cet ouvrage incontournable.
A lire, un autre beau conte déjà chroniqué ici : http://nebular-store.blogspot.fr/2014/02/le-chevalier-double-les-tres-riches.html
(*) A savoir que "Les contes merveilleux partent toujours de ce postulat de base : le royaume est dans une situation d'impuissance, de faiblesse et de décadence. Quelque chose manque (…) Le roi formule alors une demande de restauration : un remède, une nouvelle épouse, un enfant, du gibier.
A cette demande, le héros va ajouter son adhésion entière et authentique, et la mène à bien avec courage et bravoure. Il va en faire une quête. Mais cette quête est toujours impossible.(…) Cette adhésion infinie est la clé du changement, car c'est à cet infini de l'adhésion que le monde infini des possibles, correspondant à la troisième fonction, celle de la fée, va apporter son secours".
(Citation extraite de : Edouard Brasey, Jean-Pascal Debailleul, "Vivre la magie des contes", Albin Michel, 2 janv. 1998)
185
Oriol et Zidrou
Dargaud Janvier 2015
D'abord attiré par la magnifique couverture turquoise de cet album grand format, j'ai ensuite apprécié les pages peintes exceptionnelles d'Oriol, jeune dessinateur espagnol, déjà révélé sur un scénario de Zidrou en 2012 avec le remarqué : "La peau de l'Ours" (même éditeur.)
Mais comment ne pas rester coi devant ce récit terrible, superbement écrit et réalisé ?
Dans ce conte utilisant les principes fondamentaux du genre*, l'auteur nous plonge dans l'histoire d'un royaume moyenâgeux, où un roi, voyant sa mort naturelle venir, mais la redoutant, fait appel en désespoir de cause à un mage qui va lui promettre la vie éternelle.
Celui-ci y pose cependant deux conditions : le roi devra établir la vaillance des ses trois fils, en les lançant chacun dans une quête dangereuse (perdue d'avance ?), et manger la chair du plus vaillant. Quant à lui, il aura alors le droit d'épouser sa fille, restée au château.
Là où un conte ordinaire nous aurait emmené, suite à la quête des trois preux chevaliers, vers un dénouement plutôt classique rapide (cf les pourtant déjà très bons : Azur et Asmar, les Cinq conteurs de Bagdad, (compléter selon vos souvenirs…), Zidrou ne s'arrête pas là où le récit pourrait nous laisser : c'est à dire au moment où le roi va marier sa fille…
Non, l'auteur renverse la situation, permet aux différents fils qui ont été tissés dans le récit de se démêler, et explore une fin "inédite", qui apporte sont lot de rebondissements scénaristiques. On est alors heureux de constater qu'il nous reste une vingtaine de pages encore pour déguster cet apport vraiment très merveilleux à ce conte, très marqué par la magie sombre des frères Grimm.
Et lorsque tout semble enfin fini… là encore, un volte face fait rebondir le récit.
L'album Les trois fruits porte en lui toutes les qualités du conte merveilleux, et apporte en sus une originalité de scénario incroyable.
Du grand art, servit par l'esthétisme magique d'Oriol, dessinateur au talent remarquable, rendant cet ouvrage incontournable.
A lire, un autre beau conte déjà chroniqué ici : http://nebular-store.blogspot.fr/2014/02/le-chevalier-double-les-tres-riches.html
(*) A savoir que "Les contes merveilleux partent toujours de ce postulat de base : le royaume est dans une situation d'impuissance, de faiblesse et de décadence. Quelque chose manque (…) Le roi formule alors une demande de restauration : un remède, une nouvelle épouse, un enfant, du gibier.
A cette demande, le héros va ajouter son adhésion entière et authentique, et la mène à bien avec courage et bravoure. Il va en faire une quête. Mais cette quête est toujours impossible.(…) Cette adhésion infinie est la clé du changement, car c'est à cet infini de l'adhésion que le monde infini des possibles, correspondant à la troisième fonction, celle de la fée, va apporter son secours".
(Citation extraite de : Edouard Brasey, Jean-Pascal Debailleul, "Vivre la magie des contes", Albin Michel, 2 janv. 1998)
185
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire