Unité combattante Trudaine
Ricard/Rica
Glénat
Sept 2015
Comme d'habitude une couverture peu anodine et dynamique attise ma curiosité. Un gars casqué et masqué balançant un cocktail molotov. Et ce titre, assez étrange...
De quoi s'agit il ?
13 mars 1982, Gabriel Chahine est assassiné à son domicile. Il avait permis l'arrestation de Jean Marc Brouillon et Nathalie Menijon, membres fondateurs d'Action direct le 13 septembre 1980.
Après cette introduction dynamique d'une page, les trois suivantes nous résument un peu lourdement ce début de décennie, et le contexte dans lequel cette organisation anarchique et "terroriste" française a défrayé la chronique avec des attentats-suicides toujours plus violents.
En effet, le principe d'une galerie de cases portraits de tout ce qui faisait l'actualité sociétale d'alors, sous titré de manière à peine décalée par un texte explicatif, pèse un petit peu pour une introduction...
Néanmoins, le récit débute et l'on va suivre les tribulations de trois jeunes gens : Sandrine, Serge et Yann, qui, par soif de reconnaissance (d'existence), et par dégoût de leur propre vie pas assez intéressante sûrement, vont essayer de laisser autant de traces que leurs aînés d'Action directe.
Ils n'auront de cesse de commettre des délits sur la Police, en signant leurs méfaits de "Unité combattante Trudaine" du nom de la rue parisienne où le 31 mai 1983, une fusillade d'AD a tué deux policiers et blessé un troisième.
La police, qui commence à prendre au sérieux ce nouveau groupuscule, infiltre William, un jeune officier, dans la bande.
Si le dessin noir et blanc dynamique, aux trames grises de Rica, porte ce récit, c'est parce qu'il est difficile au premier abord de trouver un grand intérêt à une histoire, qui, plutôt que de se contenter de raconter celle d'un groupe historiquement connu, en créé une autre, de toute pièce.
L'effet de miroir ou de redondance sur les archives agace donc dans un premier temps, surtout lorsque l'on cherche dans une fiction des éléments un peu originaux.
Mais c'est peut-être là que l'auteur essaie de nous surprendre, en replaçant effectivement sa trame dans un contexte, tout en évitant de trop jouer le documentaire. Il est en effet assez facile d'imaginer que se servir des faits et des noms réels d'un groupe anarchiste dans une bande dessinée aurait pu poser problème, ne serait-ce qu'en termes de message. Qui avait tort ? Qui avait raison ? C'est toute la problématique d'un scénario basé sur le documentaire de faits répréhensibles. Jusqu'où aller ? Et comment ?
Ricard a donc opté pour l'entre deux, comme on l'a vu. Mais, si l'histoire de ses jeunes reproduit quasi à l'identique quelques "aventures" du groupe Action direct, jusqu'à sa fin, et que l'on ressent donc une certaine déception dans un premier temps, son option de nous placer finalement dans la peau du personnage de William, l'infiltré, lui permet de nous rendre conscient des enjeux complexes de l'histoire (avec un grand H).
Belle pirouette, qui laisse au final une sensation trouble, comme celle de cet anti héros qui aura gouté aux deux côtés du miroir...mais qui ne saura en profiter.
Un épisode des années quatre vingt qu'il n'était pas inintéressant de mettre en lumière.
Pour tous publics, dès 11 ans, avec accompagement.
Ps : pour ceux qui n'auraient pas compris le jeu de mot du titre :
https://www.youtube.com/watch?v=_XqNYnV0W6o
203
Ricard/Rica
Glénat
Sept 2015
Comme d'habitude une couverture peu anodine et dynamique attise ma curiosité. Un gars casqué et masqué balançant un cocktail molotov. Et ce titre, assez étrange...
De quoi s'agit il ?
13 mars 1982, Gabriel Chahine est assassiné à son domicile. Il avait permis l'arrestation de Jean Marc Brouillon et Nathalie Menijon, membres fondateurs d'Action direct le 13 septembre 1980.
Après cette introduction dynamique d'une page, les trois suivantes nous résument un peu lourdement ce début de décennie, et le contexte dans lequel cette organisation anarchique et "terroriste" française a défrayé la chronique avec des attentats-suicides toujours plus violents.
En effet, le principe d'une galerie de cases portraits de tout ce qui faisait l'actualité sociétale d'alors, sous titré de manière à peine décalée par un texte explicatif, pèse un petit peu pour une introduction...
Néanmoins, le récit débute et l'on va suivre les tribulations de trois jeunes gens : Sandrine, Serge et Yann, qui, par soif de reconnaissance (d'existence), et par dégoût de leur propre vie pas assez intéressante sûrement, vont essayer de laisser autant de traces que leurs aînés d'Action directe.
Ils n'auront de cesse de commettre des délits sur la Police, en signant leurs méfaits de "Unité combattante Trudaine" du nom de la rue parisienne où le 31 mai 1983, une fusillade d'AD a tué deux policiers et blessé un troisième.
La police, qui commence à prendre au sérieux ce nouveau groupuscule, infiltre William, un jeune officier, dans la bande.
Si le dessin noir et blanc dynamique, aux trames grises de Rica, porte ce récit, c'est parce qu'il est difficile au premier abord de trouver un grand intérêt à une histoire, qui, plutôt que de se contenter de raconter celle d'un groupe historiquement connu, en créé une autre, de toute pièce.
L'effet de miroir ou de redondance sur les archives agace donc dans un premier temps, surtout lorsque l'on cherche dans une fiction des éléments un peu originaux.
Mais c'est peut-être là que l'auteur essaie de nous surprendre, en replaçant effectivement sa trame dans un contexte, tout en évitant de trop jouer le documentaire. Il est en effet assez facile d'imaginer que se servir des faits et des noms réels d'un groupe anarchiste dans une bande dessinée aurait pu poser problème, ne serait-ce qu'en termes de message. Qui avait tort ? Qui avait raison ? C'est toute la problématique d'un scénario basé sur le documentaire de faits répréhensibles. Jusqu'où aller ? Et comment ?
Ricard a donc opté pour l'entre deux, comme on l'a vu. Mais, si l'histoire de ses jeunes reproduit quasi à l'identique quelques "aventures" du groupe Action direct, jusqu'à sa fin, et que l'on ressent donc une certaine déception dans un premier temps, son option de nous placer finalement dans la peau du personnage de William, l'infiltré, lui permet de nous rendre conscient des enjeux complexes de l'histoire (avec un grand H).
Belle pirouette, qui laisse au final une sensation trouble, comme celle de cet anti héros qui aura gouté aux deux côtés du miroir...mais qui ne saura en profiter.
Un épisode des années quatre vingt qu'il n'était pas inintéressant de mettre en lumière.
Pour tous publics, dès 11 ans, avec accompagement.
Ps : pour ceux qui n'auraient pas compris le jeu de mot du titre :
https://www.youtube.com/watch?v=_XqNYnV0W6o
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