Alix T33 : Britannia
Mathieu Breda, Marc Jailloux, d'après l’œuvre de Jacques Martin
Casterman
Mai 2014
Les sorties d'albums d'Alix repris par divers scénaristes et dessinateurs depuis (et avant) le décès de Jacques martin, son créateur, en 2010, sont maintenant bien calées, et leur rythme de parution ne dépasse pas six mois pour certaines. (Cf l'Ombre de Sarapis : Novembre 2012, et La Dernière conquête : Avril 2013 !). ce qui, avouons-le, est un peu trop.
On a beau aimer un personnage de fiction, le risque de cumuler les sorties d'une même série à ce rythme effréné sont de les faire se télescoper tout simplement avec le reste de la production, tout aussi intéressante, mais plus certainement de les "perdre" dans la masse des nouveautés BD.
On ne met en effet plus en avant un "blockbuster" de ce type, comme à la glorieuse époque où seuls une dizaine de titres des grandes maisons d'édition d'alors paraissait par an. (Casterman, Lombard, Dupuis ?)
Il ne reste plus dés lors à l'album qu'à arborer sa plus belle couverture, pour tenter, l'espace de quelques jours (quelques semaines) d'attirer les curieux et les amateurs.
Britannia possède cet atout, et ce n'est pas le seul.
Avec un superbe dessin magistralement mis en page par Marc Jailloux, repreneur de l'autre série antique martienne Orion et réalisateur d'une poignée de couvertures spéciales d'Alix lors de son cinquantième anniversaire, on est immédiatement happé et séduit par ce nouveau titre.
La ressemblance du trait, des attitudes, jusqu'aux couleurs utilisées (à l'ancienne, c'est à dire pas criardes), sont telles que l'on jurerait un album créé dans les années 60. Ce qui, pour ce qui doit être une reprise de classique, sonne plutôt juste.
Nous sommes en -54 avant JC, et Jules César, intéressé par des promesses d'éventuelles richesses sur place, s'apprête à lancer, après une première expérience fâcheuse un an plus tôt, des centaines de navires et sept légions sur Britannia, de l'autre côte de l'océanus Britannicus (la Manche).
Alix et Enak suivent les préparatifs à Portus Itus (gaule Belgique) et ne vont pas tarder à embarquer, invité par césar à participer à l'opération.
Ces derniers devront lier d'amitié avec Manssios, prince déchu de la tribu autochtone des Trinovantes, ouverte aux relations romaines, dont la famille a été trompée et massacrée par un chef "indépendantiste" : Carsinos.
Il doit aider césar dans son combat pour retrouver son trône.
...Au milieu de tout ce beau monde : Viridoros, un marchand briton servant d'informateur à César, qui semble cependant jouer double jeu…
Mathieu Breda et Marc Jailloux ont écrit une histoire de bon niveau pour ce nouveau tome, et celle-ci parvient à nous capter de bout en bout, même si la ficelle de l'informateur/traître n'est pas très fine. On évolue cependant dans un contexte historique intéressant, bien rendu, qui permet au lecteur de prendre conscience de la complexité des relations politiques au sein d'un même peuple insulaire, que l'on aurait eu tort de croire, à l'époque, plus solidaire face à l'invasion.
Les choses ne sont bien évidemment pas aussi simple que cela, et l'épisode du massacre de druides par un chef Briton, afin de s'emparer du pouvoir, est en cela marquant et éclairant.
Alix, fidèle à lui-même, a l'occasion une fois de plus de montrer son humanisme auprès de prisonniers. Mais cela, et c'est bien ainsi, ne suffit pas à retourner le cours de l'histoire (avec un petit h), ni son immoralité.
Cette notion d'immoralité conclue l'histoire, de manière à la fois réaliste et poétique, dans la grande tradition des meilleurs albums d'Alix.
.. Du bel ouvrage, qui redonne enfin un cadre à la hauteur de ce personnage classique si charismatique.
On remercie pour cela Marc Jailloux, son "papa" depuis la Dernière conquête, dont le talent n'est plus à démontrer !
- Rappel : pour tout savoir (et discuter) sur Alix et les œuvres de Jacques Martin : le forum Alix, Jhen et les autres.
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Mathieu Breda, Marc Jailloux, d'après l’œuvre de Jacques Martin
Casterman
Mai 2014
Les sorties d'albums d'Alix repris par divers scénaristes et dessinateurs depuis (et avant) le décès de Jacques martin, son créateur, en 2010, sont maintenant bien calées, et leur rythme de parution ne dépasse pas six mois pour certaines. (Cf l'Ombre de Sarapis : Novembre 2012, et La Dernière conquête : Avril 2013 !). ce qui, avouons-le, est un peu trop.
On a beau aimer un personnage de fiction, le risque de cumuler les sorties d'une même série à ce rythme effréné sont de les faire se télescoper tout simplement avec le reste de la production, tout aussi intéressante, mais plus certainement de les "perdre" dans la masse des nouveautés BD.
On ne met en effet plus en avant un "blockbuster" de ce type, comme à la glorieuse époque où seuls une dizaine de titres des grandes maisons d'édition d'alors paraissait par an. (Casterman, Lombard, Dupuis ?)
Il ne reste plus dés lors à l'album qu'à arborer sa plus belle couverture, pour tenter, l'espace de quelques jours (quelques semaines) d'attirer les curieux et les amateurs.
Britannia possède cet atout, et ce n'est pas le seul.
Avec un superbe dessin magistralement mis en page par Marc Jailloux, repreneur de l'autre série antique martienne Orion et réalisateur d'une poignée de couvertures spéciales d'Alix lors de son cinquantième anniversaire, on est immédiatement happé et séduit par ce nouveau titre.
Une des couvertures spéciales dessinées par M. Jailloux en 2013 |
Les protagonistes, réunis dans cette planche, issue du blog L'universo de Jacques Martin |
Nous sommes en -54 avant JC, et Jules César, intéressé par des promesses d'éventuelles richesses sur place, s'apprête à lancer, après une première expérience fâcheuse un an plus tôt, des centaines de navires et sept légions sur Britannia, de l'autre côte de l'océanus Britannicus (la Manche).
Alix et Enak suivent les préparatifs à Portus Itus (gaule Belgique) et ne vont pas tarder à embarquer, invité par césar à participer à l'opération.
Ces derniers devront lier d'amitié avec Manssios, prince déchu de la tribu autochtone des Trinovantes, ouverte aux relations romaines, dont la famille a été trompée et massacrée par un chef "indépendantiste" : Carsinos.
Il doit aider césar dans son combat pour retrouver son trône.
...Au milieu de tout ce beau monde : Viridoros, un marchand briton servant d'informateur à César, qui semble cependant jouer double jeu…
Mathieu Breda et Marc Jailloux ont écrit une histoire de bon niveau pour ce nouveau tome, et celle-ci parvient à nous capter de bout en bout, même si la ficelle de l'informateur/traître n'est pas très fine. On évolue cependant dans un contexte historique intéressant, bien rendu, qui permet au lecteur de prendre conscience de la complexité des relations politiques au sein d'un même peuple insulaire, que l'on aurait eu tort de croire, à l'époque, plus solidaire face à l'invasion.
Les choses ne sont bien évidemment pas aussi simple que cela, et l'épisode du massacre de druides par un chef Briton, afin de s'emparer du pouvoir, est en cela marquant et éclairant.
Alix, fidèle à lui-même, a l'occasion une fois de plus de montrer son humanisme auprès de prisonniers. Mais cela, et c'est bien ainsi, ne suffit pas à retourner le cours de l'histoire (avec un petit h), ni son immoralité.
Cette notion d'immoralité conclue l'histoire, de manière à la fois réaliste et poétique, dans la grande tradition des meilleurs albums d'Alix.
.. Du bel ouvrage, qui redonne enfin un cadre à la hauteur de ce personnage classique si charismatique.
On remercie pour cela Marc Jailloux, son "papa" depuis la Dernière conquête, dont le talent n'est plus à démontrer !
- Rappel : pour tout savoir (et discuter) sur Alix et les œuvres de Jacques Martin : le forum Alix, Jhen et les autres.
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