lundi 8 novembre 2010

La (nouvelle) Frontière de Foerster

La frontière
Foerster
Quadrants 2010

Je faisais allusion l'autre jour, à l'occasion de la chronique de "Old skull" de B-gnet au retour fracassant de la thématique Western dans la bande dessinée ces dix dernières années. (Pour ne pas parler de celle des pirates.)

Et de citer, parmi les plus marquantes : Bouncer, Billy wild, Calimity Jane, et diverses histoires noir et blanc parues dans des fanzines ou revues spécialisés
(cf chronique de Billy wild et Old skull)

Foerster, que les plus anciens ont connu à l'époque de sa gloire dans Fuide glacial a fait une grande partie de sa carrière avec des recueils d'histoires lugubres et cauchemardesques du meilleur cru.
(voir sa fiche sur bedetheque)

On l'avait un tant soit peu perdu de vue depuis, et c'est pourquoi le revoir au dessin et scénario dans un bouquin grand format couleur de 72 pages chez Quadrants (collection Soleil) me ravi personnellement. Car autant la couverture laisse un petit goût de "aurait pu mieux faire", autant l'intérieur mérite le détour.

...Géronima Uranza, petite brunette énervée d'à peine 18 ans, fille soit disant de Billy the kid, débarque dans ce one shot en flinguant en plein désert son canasson qui a l'air d'avoir attrapé une sérieuse maladie.
Elle arrête alors une diligence et rejoint avec ses passagers le relais Corralito. Là; à l'aide d' Ashley Upston, écrivain de son métier, elle va traverser la "frontière", sorte de tourbillon de sable magique qui les fera pénétrer au coeur d'une ville maudite dirigée de main de maître par Claus Christmas, un despote aux pouvoirs maléfiques.

Si au premier abord on peut être surpris par la densité des textes de ce récit pas tout à fait comme les autres, (mais aux dialogues très "parlés" à la façon de Billy Wild), on comprend très vite que mister Foerster a décidé de nous raconter une bien belle histoire, et qu'il va le faire, quoi qu'il en coûte.
Vu que l'entrée en matière est rapide, et le suspens bien tenu, on a finalement aucun mal à se laisser entraîner.

Le dessin depuis les années 80 a gagné en souplesse, le format plus grand rajoute à la clarté, et la couleur (due à Samsa) contribue au modernisme du style.
Les personnages sont parfois un peu Disneyien au niveau graphique (Bd jeunesse), alors qu'on aurait presque préféré du bon gros gothique sur toute l'histoire, comme au bon vieux temps. Ceci dit, final, les éléments propres au récit suffisent à assoir le côté fantastique et un peu dingue annoncé par le synopsis.

Il y a du "Bouncer" néanmoins dans "Frontière" : La petite maison au milieu du désert où se trament des choses pas claires, le vengeur aux colts rapides, les malédictions..., et on peut y croiser un Stryge (Azaziel), voir du John Rambo (le méchant cochon bouffeur de curé); mais les références sont tellement bien assimilées que l'émotion reste intacte. Sans compter un rythme soutenu et une violence de série B (voire Z) très réjouissante, ainsi que des détails savoureux. (Belle charge de longues cornes squelettes du plus bel effet !)

Citons par exemple l'anecdote de ce journaliste qui essaye de saisir en direct l'histoire se déroulant sous ses yeux, afin de gagner le jackpot éditorial. Sa présence dans les cases comme simple spectateur constituant à mon goût une belle mise en abîmes et un beau clin d'oeil au western, que Foerster a semble t-il bien apprécié :
"Si la légende dépasse la réalité, imprimez la légende". (John Ford à propos de Rio grande)

On pourra justement se référer au western classique du cinéma pour trouver des références bien antérieures à "Bouncer", par exemple la maison en plein désert où des sudistes se livrent à un trafique d'armes avec les apaches, dans un film dont je n'ai jamais retrouvé le nom, ou bien celle en bande dessinée de Jonathan Cartland dans "Les doigts du chaos"(1982)

En bref, et pour conclure : un album original, plutôt beau, et à l'histoire passionnante. Bravo.

Lire les 7 première spages sur DigiBD

Aucun commentaire:

Analyses